UN VILLAGE POUR POUPON
« Ça prend tout un village pour élever un
enfant »
(Dicton africain)
Ce document est basé sur la science
Sociologie, psychologie, anthropologie, les
neurosciences
Objectifs
· Inciter à la lecture, réflexion et discutions
· Inspirer des travaux d’étudiants
· Inciter à des recherches
Pour poupon, qui est villageois? Qui est
étranger?
Poupon se fout de :
· ceux qui ont fourni l’ovule et le spermatozoïde
· ceux qui travaillent pour payer son lait
· celui qui aide la mère en passant l’aspirateur
Poupon s’attache, à ceux qui l’aiment
et:
· dont il voit le visage
barbu ou non, joyeux ou triste…
· dont il entend la voix
claire ou rauque, rieuse, chantante ou cacophonique…
· dont il sent l’odeur
(et non le parfum commercial)
· dont il reçoit les soins
et perçoit sur son corps les mains
douces ou rudes, agiles ou lentes…
· dont il perçoit les battements du cœur ainsi que la chaleur et la texture d’un « peau à peau »
Et surtout, pour apprendre comment aimer, le poupon a besoin de
tout un village de femmes et d’hommes
d’attachement et qui l’accompagneront
jusqu’à sa vie d’adulte.
Une étrangère! La gardienne,
en garderie ou à domicile. Sa présence est éventuelle et temporaire, ce qui a
pour effet que poupon est tiraillé entre attachement et détachement. C’est sa
première expérience de résilience.
RECOMMANDATIONS
1.
La législation
devrait distinguer entre géniteur(e) et parents. Sont parents les personnes
d’attachement qu’ils soient ou non géniteurs.
2.
La législation
devrait garantir au poupon le maintien de son village d’attachement peu importe
les aléas de la vie. Le lien d’attachement est plus important que la
génitalité.
3.
Qu’il y ait des
programmes de recherches et de concertations pour favoriser les familles
communautaires
4.
Que les lois
fiscales et d’aides financières favorisent les familles communautaires
FORUM BIBLIOGRAPHIQUE
LES SYSTÈMES FAMILIAUX COMMUNAUTAIRES
Emmanuel Todd a étudié 214 populations en Eurasie selon 15 types familiaux (page
91) regroupés en 3 grandes catégories (page 46) :
·
La famille nucléaire
(53%) est formée d’un homme, d’une femme et de leurs enfants. Beaucoup de ces familles
nucléaires apparentées se regroupent
à proximité, parfois dans un enclos, et, « collaborent parfois sur le plan
de la cuisine, de l’éducation des enfants, des activités de collecte ou de
production, de façon si diverses… » (pages 68 à 79)
·
La
famille souche (15%), ajoute à la
famille nucléaire, les parents d’au moins un des conjoints. Le vécu peut prendre
différentes formes. (pages 58 à 60)
·
La
famille communautaire (32%) comprend
plusieurs familles nucléaires. Le vécu peut prendre différentes formes. (pages
55 à 58) Voir les Na de Chine (pages 127 à 130)
En appliquant le principe du conservatisme des zones périphériques (PCZP) Todd
démontre que, avant l’invention de l’écriture, La famille nucléaire est
la plus ancienne, et la famille communautaire
la plus récente. (Pages 23 à 40).
Toutefois, cette « famille nucléaire (ancienne) insérée dans une bande
locale n’est en rien la même chose que la famille nucléaire de la société
urbaine moderne » (page 35). Adieu à la « horde primitive » et à
son corollaire « L’oedipe » imaginé
par Freud, dans Totem et Tabou. De plus, reconnaissons que, selon cette analyse de
Todd, la famille Africaine et bien d’autres sont plus évoluées que notre
archaïque nucléaire
Les formes familiales s’imposent souvent
par des facteurs étrangers aux individus : religions, prestige
monarchique, culture militaire, domination du colonisateur et des hypothèses
farfelues comme celles de Freud (pages 36 à 39).
Lorsque les individus sont exempts de ces impératifs
sociaux ou de survie, l’organisation de leur forme familiale est alors fortement
influencée par l’attachement aux parents et à la fratrie. Plus intense et plus
tenace que l’attachement conjugal, cet attachement est le fondement de la
famille communautaire.
Todd
Emmanuel, L’origine des systèmes
familiaux, Tome 1, L’Eurasie, Gallimard 2011. Le tome 2 (qui n’est pas
encore imprimé en 2016) portera sur l’Amérique et l’Afrique et l’Océanie.
Namu Yang Erche, Mathieu Christine
Les
Moso vivent au Yunnan à la frontière sino-Tibétaine. On y encourage la
tolérance, respect d’autrui et l’aide collective. La famille est composée des
sœurs et des frères qui élèvent les enfants en commun, généralement sous la
domination d’une matriarche. Les hommes gardent les troupeaux, font le
commerce, étudient le bouddhisme, dirigent les cérémonies funéraires, et sont chef
du village,
Chez les Moso « la famille
idéale est un groupe d’individus apparentés par la lignée maternelle
–grand-mère, oncles maternels, mères, sœurs, filles et fils pour les femmes,
nièces et neveux pour les hommes, cousins germains. Au cœur de cette famille,
il n’y a pas de couple mari et femme ou père et mère, mais des frères et sœurs,
des mères et des oncles maternels. La famille idéale ne doit pas se diviser, la
propriété est commune et l’héritage passe simplement d’une génération à la suivante
quand les filles succèdent à leur mère et à leurs oncles dans la maison
familiale... Il arrive parfois que les membres d’une même famille se
brouillent, et qu’un fils ou une fille fonde son propre foyer. Il peut arriver
aussi qu’une famille devienne trop nombreuse. »
« Dans une famille matrilinéaire, les relations sexuelles entre les personnes apparentées par la lignée maternelle sont formellement interdites – une règle de conduite qui est symbolisé par le fait que, dans la maison moso, seules les femmes ont une chambre particulière, la babahuago – la chambre des fleurs. Les personnes âgées et les enfants de moins de treize ans dorment dans la pièce principale, autour du feu, ou dans des lits en alcôve. Les hommes sont supposés coucher chez leurs amies. La tradition moso exige non seulement que les hommes ne couchent pas sous le même toit que leurs sœurs, elle interdit également toute allusion à la sexualité dans la maison familiale, y compris les plaisanteries et les chansons d’amour… Les amants sont libres de passer du temps ensemble tout en demeurant dans leur famille respective, et ils sont libres d’avoir des relations amoureuses aussi longtemps qu’ils le désirent, mais ils ne parleront pas ouvertement de leur relation devant leurs propres enfants. Ces règles de comportements sont tellement strictes que, avant la révolution communiste, il n’était pas rare qu’on apprenne indirectement qui était son père, et même qu’on ne l’apprenne jamais…Ces relations peuvent être d’ordre strictement privé, et d’ordinaire de courte durée, ou elles peuvent être plus stables et reconnues, mais elles n’impliquent ni promesses, ni vœux, ni alliance de deux familles, ni la responsabilité commune des enfants, ni même la fidélité sexuelle. Bien sûr, il peut y avoir chez les Moso, comme partout, des jaloux et des cœurs brisés. Mais le code moral réprime les comportements négatifs et décourage les scènes de jalousie ou de désespoir amoureux. Bien que cela arrive, un amant déchu qui ne sait pas se contrôler devient alors vite ridicule. Seuls le désir mutuel et l’affection doivent décider de la durée des relations amoureuses. Tant et si bien que les premiers fonctionnaires chinois qui découvrirent les Moso dans les années cinquante furent abasourdis par le nombre d’amants que femmes et hommes disaient avoir eu, et cela sans aucun complexe apparent. »
« En fait, du point de vue moso, ces échanges renforcent la stabilité de la cellule familiale. Car, en présumant que les relations sexuelles ne sont pas durables, les Moso limitent les rapports amoureux aux heures de repos, et ils ne permettent pas que l’amour s’immisce dans la vie économique de la famille ou qu’il concurrence les liens entre frères et sœurs ou mère et enfants, qui sont au cœur des relations de la vie de famille »
« Dans une famille matrilinéaire, les relations sexuelles entre les personnes apparentées par la lignée maternelle sont formellement interdites – une règle de conduite qui est symbolisé par le fait que, dans la maison moso, seules les femmes ont une chambre particulière, la babahuago – la chambre des fleurs. Les personnes âgées et les enfants de moins de treize ans dorment dans la pièce principale, autour du feu, ou dans des lits en alcôve. Les hommes sont supposés coucher chez leurs amies. La tradition moso exige non seulement que les hommes ne couchent pas sous le même toit que leurs sœurs, elle interdit également toute allusion à la sexualité dans la maison familiale, y compris les plaisanteries et les chansons d’amour… Les amants sont libres de passer du temps ensemble tout en demeurant dans leur famille respective, et ils sont libres d’avoir des relations amoureuses aussi longtemps qu’ils le désirent, mais ils ne parleront pas ouvertement de leur relation devant leurs propres enfants. Ces règles de comportements sont tellement strictes que, avant la révolution communiste, il n’était pas rare qu’on apprenne indirectement qui était son père, et même qu’on ne l’apprenne jamais…Ces relations peuvent être d’ordre strictement privé, et d’ordinaire de courte durée, ou elles peuvent être plus stables et reconnues, mais elles n’impliquent ni promesses, ni vœux, ni alliance de deux familles, ni la responsabilité commune des enfants, ni même la fidélité sexuelle. Bien sûr, il peut y avoir chez les Moso, comme partout, des jaloux et des cœurs brisés. Mais le code moral réprime les comportements négatifs et décourage les scènes de jalousie ou de désespoir amoureux. Bien que cela arrive, un amant déchu qui ne sait pas se contrôler devient alors vite ridicule. Seuls le désir mutuel et l’affection doivent décider de la durée des relations amoureuses. Tant et si bien que les premiers fonctionnaires chinois qui découvrirent les Moso dans les années cinquante furent abasourdis par le nombre d’amants que femmes et hommes disaient avoir eu, et cela sans aucun complexe apparent. »
« En fait, du point de vue moso, ces échanges renforcent la stabilité de la cellule familiale. Car, en présumant que les relations sexuelles ne sont pas durables, les Moso limitent les rapports amoureux aux heures de repos, et ils ne permettent pas que l’amour s’immisce dans la vie économique de la famille ou qu’il concurrence les liens entre frères et sœurs ou mère et enfants, qui sont au cœur des relations de la vie de famille »
NOTRE
MARIAGE
« Il est certain que le mariage, quelle
qu’en soit sa pratique, exige des accommodements. Dans les sociétés
patrilinéaires et patriarcales, le mariage aurait tendance à sacrifier l’amour,
et certainement la liberté sexuelle… Ce type de société œuvre pour le contrôle
de la sexualité féminine à travers diverses formes d’exclusions sociales,
religieuse, politique et économique, auxquelles peuvent s’ajouter des mesures
symboliques, telles, parmi les plus controversées : les petits pieds,
l’excision, le sacrifice des veuves, la burka… »
« En ce qui concerne le mariage moderne, qui est fondé sur l’idéal de l’amour, de la compatibilité sexuelle et de l’égalité des conjoints plutôt que sur les intérêts des lignées et de la propriété, ce sont l’équilibre économique et l’unité de la famille qui risquent d’éclater. Comme les statistiques du divorce en témoignent, l’amour sexuel est un bel idéal mais une base fragile pour établir des mariages durables. Et, dans nombre de mariages heureux, l’amour du début dure par habitude, par attachement au confort matériel, et pour d’autres raisons qui n’ont pas grand-chose à voir avec l’idéal de la passion amoureuse. »
« En ce qui concerne le mariage moderne, qui est fondé sur l’idéal de l’amour, de la compatibilité sexuelle et de l’égalité des conjoints plutôt que sur les intérêts des lignées et de la propriété, ce sont l’équilibre économique et l’unité de la famille qui risquent d’éclater. Comme les statistiques du divorce en témoignent, l’amour sexuel est un bel idéal mais une base fragile pour établir des mariages durables. Et, dans nombre de mariages heureux, l’amour du début dure par habitude, par attachement au confort matériel, et pour d’autres raisons qui n’ont pas grand-chose à voir avec l’idéal de la passion amoureuse. »
CHOIX
DES MOSO
« Les Moso ont fait un choix culturel
atypique : ils n’ont sacrifié ni la liberté sexuelle, ni l’amour, ni la
sécurité économique de leur famille, ni même la continuation de leur lignée.
Ils ont simplement abandonné le mariage. Ils y ont gagné une société où le
nécessaire vital (la nourriture, l’affection, la propriété et la descendance)
est un droit de naissance obtenu par le lien le plus évident possible et qui
n’est autre que le lien maternel. Et il est intéressant de remarquer que les
hommes se disent aussi satisfait que les femmes de ce système de filiation qui
les libère de la responsabilité d’assurer une descendance, parce que, avec de
nombreuses sœurs à la maison, les familles moso sont presque certaines de
pouvoir engendrer une nouvelle génération. Les représentants moso sont d’avis
que cette coutume est le meilleur moyen d’établir le bonheur et l’harmonie. Les
coutumes de visite, disent-ils, conservent l’innocence et la joie dans les
rapports entre les hommes et les femmes, et les gens qui vivent dans des
familles matrilinéaires ne se disputent pas comme les gens mariés. On peut le
croire, car de nombreux Moso ont fait l’expérience du mariage sous la pression
des autorités communistes, et la plupart l’ont abandonné. »
Namu Yang Erche, Mathieu Christine, Adieu au lac Mère, Paris : Calmann-Lévy 2005 Extraits des pages 110, 307 à 323 sous-titres ajoutés
Coler Ricardo
Chez les mosuo, les comportements agressifs
sont déshonorants. Le courage, la virilité, la combativité dans le sport sont honteux.
Tout le monde s’occupe de tout le monde. Pourquoi tomber amoureux? « Si je
le savais, je ne tomberais sans doute pas amoureux » Rugeshi Ana,
étudiante à l’Université de Pékin, « ne comprend pas comment ses
condisciples peuvent vouloir être à la fois indépendantes et mariées. Elle est
horrifiée quand elle les voit se disputer un homme » Elle n’a pas comme
objectif de trouver un mari, mais espère l’amour, l’amour et la vie commune ne
font pas bon ménage. L’amour est le contraire de l’engagement « Les
relations sociales sont des plus agréables et la vie plus facile »
Coler Ricardo, Le royaume des femmes,Voyage au cœur du
matriarcat, Presses de la cité 2012. Pages 54 à 62, 111
Hua Cai
« Leur famille est très solidaire et
heureuse : ainsi n’apparaissent pas les disputes entre mari et épouse, la
querelle entre père et fils, la haine entre les belles-sœurs, ainsi que la
discordance entre belle-mère et belle-fille. L’amour entre mère et fille chez eux
est bien perpétuel. »
Hua
Cai, Une société sans père ni mari :
Les Na de Chine, PUF 2000, page 14
Kernalegenn Tudi
En Afrique
Ezémbé Ferdinand
En
Afrique la parenté n’est pas biologique mais sociale. « Le christianisme,
l’islam et la colonisation occidentale ont renforcé l’idéologie patriarcale en
faisant de la femme une auxiliaire du mari. Pendant la colonisation, les
premières écoles n’étaient ouvertes qu’aux garçons, faisant d’eux des
fonctionnaires salariés alors que les femmes avaient droit à des écoles
ménagères. »
« Les parents africains ne sont plus sûrs
des valeurs qu’ils veulent transmettre à leurs enfants. Les sociétés
traditionnelles africaines proposent la solidarité, l’esprit communautaire,
l’honneur, l’intégrité, la pudeur. La société moderne propose l’individualisme,
la compétition, la liberté sexuelle… »
« Sans
attachement excessif de la mère, l’enfant change de mains et de dos. L’étranger
peut jouer avec lui pendant qu’il s’entretient avec les membres de sa famille,
ce qui renforce sa socialisation »
Ezémbé Ferdinand, L'enfant
africain et ses univers, Karthala 2009, pages 95, 98, 108
Kula-Kim Céline
« En Afrique, le fait de fréquenter un
même espace social ou les mêmes gens crée un lien de parenté non négligeable.
De ce fait, par exemple, les amis des frères, sœurs, parents, tantes, oncles
sont également les frères, sœurs, parents, tantes, oncles. »
En Afrique, la polygamie est traditionnelle.
On retrouve les modèles matrilinéaire, patrilinéaire et bilinéaire.
« La spécificité de la société
africaine traditionnelle se base sans doute sur l’éducation communautaire. Le
contrat social dans ce type d’éducation repose sur le fait que la famille étant
élargie, un enfant appartient à tout le clan, à tout le village bref, à toute
la communauté… L’enfant a des obligations envers la communauté et vice versa.
Et tous les membres de la communauté veillent sur l’éducation de chaque
enfant. »
Kula-Kim Céline, Mutations de la famille africaine,
L’Harmattan 2010, pages 19,35
En Amérique
Notter Annick
Les amérindiens avaient tendance à vivre
communautairement dans des maisons longues pouvant contenir jusqu’à 24 familles
Notter Annick Les fils de l’oiseau-tonnerre, les Indiens
de l’est, Éditeur : La Rochelle : Musée du nouveau monde, 2013,
page 24
DÉMYSTIFICATION DE LA FAMILLE CONJUGALE
Bologne Jean-Claude
Pour la très grande majorité de ceux qui
décident de former un couple, le but n’est pas de procréer et élever des
enfants.
Bologne Jean-Claude, Histoire du couple, Perrin 2016, page
206
Caron-Verschave Laurence, Ferroul Yves
« La première perversion du mot amour
dans l’expression « mariage d’amour », c’est d’exiger que le mariage
soit un lieu d’épanouissement sexuel. Que l’amour soit à la fois amitié et
sexualité, voilà le premier écueil du mariage moderne, le second écueil étant
évidemment la durée… Et même si on esquive ces deux obstacles, même si on a un
véritable coup de foudre pour quelqu’un, il est possible que cette personne ne
cadre pas avec nos attentes, ni comme père ou mère de famille ni comme conjoint
« social »
Caron-Verschave Laurence,
Ferroul Yves, Le mariage d’amour n’a que
100 ans, une histoire du couple, Odile Jacob 2015, page 97
Pérol Jean-Yves, Allais Romain
Pour les auteurs « le couple EST le
problème » parce que « l’espèce humaine est fondamentalement polygame
parce qu’elle appartient au groupe des mammifères! » polygyne pour les hommes et polyandre
pour les femmes. De nos jours, la polygamie se vit surtout dans le placard.
Pérol Jean-Yves, Allais
Romain, Darwin plutôt que Freud, Éditions
Tournez la Page, 2013
Goupil Georgette
Au Québec, plus de 50% des mariages se
soldent par un divorce. Plus de 6 enfants sur 10 sont nés hors mariage. 27.8%
des familles sont monoparentales. La structure de la famille peut se
modifier : traditionnelle-monoparentale-recomposée.
Goupil
Georgette, Les élèves en difficulté d’adaptation et d’apprentissage, (4e
édition) Éditeur gaëtan morin, Chenelière Éducation 2014
Attali Jacques, Bonvicini Stéphanie
Agonie
du mariage
Alors
qu’au cours du 19e siècle, les anciennes valeurs battent de l’aile,
à partir des années 1950, la liberté sexuelle et amoureuse s’accélèrent à la
suite de multiples changements sociaux :
·
L’invention
du tourne-disque portatif permet aux jeunes d’aller s’amuser hors de la
présence des parents
·
Commercialisation
de la pilule contraceptive au cours des années 60
·
« En
1965, le concile Vatican II reconnaît pour la première fois que le mariage n’a
pas seulement pour fin la procréation, mais aussi l’amour et le bonheur des
époux »
·
À
partir des années 70 : Idéalisation de l’amour et de la liberté sexuelle,
légalisation progressive de la contraception et de l’avortement, progression de
l’égalité homme/femme,
Cette évolution
culturelle n’est pas encore terminée : proportion importante de couples
non-mariés, un mariage sur 3 finit par un divorce, il y a plus de parents
monoparentaux que biparentaux, « un enfant sur dix est élevé par un homme
qui croit à tort en être le père »
« Au-delà
du couple monogame précaire et du mariage contractuellement limité, rien ne
permet d’exclure que le sentiment amoureux ne puisse pas, un jour, être aussi
intense pour plusieurs personnes à la fois » netloving, polyamour, polyfamille, polyfidélité….par exemple, trois
Hollandais, Victor de Bruijn et ses deux femmes Bianca et Mirjam, vivent
ensemble de la même façon qu’un couple monogame, leur triade ayant été
légalisée par contrat par-devant notaire et tolérée par la loi. » (Page
226)
Attali Jacques, Bonvicini
Stéphanie, Amour, Histoires des relations entre les
hommes et les femmes, Fayard 2007, pages 202 à 231
Thalmann Yves-Alexandre
10 à 20% des enfants sont élevés par un père
qui n’est pas leur géniteur, plus de 50% des personnes ont été infidèles à leur
conjoint
Thalmann Yves-Alexandre, Le déclin d’une utopie, VERTUS DU POLYAMOUR,
La magie des amours multiples, Jouvence
2006 (pages 19-20)
Ternaux Catherine
« C’est la chrétienté, avec son rejet
de la sexualité, qui a posé et tenté d’imposer pendant des siècles le modèle
monogamique comme pis-aller, puis comme idéal de l’amour en Occident, contre
l’usage polygamique (polygynique principalement) alors répandu … Le
mariage devient avant tout le moyen d’assurer l’accumulation des biens… Ce
n’est qu’au début du XIXe siècle que l’État met son nez dans les relations
personnelles et les alliances amoureuses des citoyens » Le code de Napoléon
en 1804 n’exclut toutefois pas la polygamie
Ternaux Catherine, La polygamie, pourquoi pas? Grasset 2012,
page 25
Picq Pascal, Brenot Philippe
L’auteur cite Chris Paulis :
« Il est des tabous plus étonnants dans les sociétés nord-occidentales qui
revendiquent leur choix de vie et leur liberté sexuelle, ceux qui ne permettent
pas à une femme d’énoncer en public qu’elle ne veut pas avoir d’enfants,
qu’elle est heureuse sans avoir jamais été enceinte, qu’elle refuse d’élever le
bébé qu’elle a expulsé, que l’allaitement la dégoûte, qu’être enceinte l’écœure
et , pire, qu’elle n’aime pas et ne pourra jamais aimer l’enfant qu’elle a
porté »
« Sur 557 sociétés humaines, Murdock
(en 1957) remarque que 75% sont de droit polygame (polygyne), 0,7% polyandres,
le reste, seulement 24,3% de tradition monogame. Les proportions n’ont que peu
changé aujourd’hui… Cette innovation doit bien nous faire prendre conscience de
la fragilité de cette construction « sur-naturelle » puisque nous
sommes une espèce naturellement polygame qui, aujourd’hui, désire vivre de
façon monogame. Nous devons en tirer la leçon pour réussir ce qui est une des
entreprises les plus difficiles de l’humanité : le couple. »
Picq
Pascal, Brenot Philippe, Le Sexe, l’Homme
& l’Évolution, Odile Jacob 2009, page 196, 238
Brenot Philippe
84% des hommes sont en manque de sexe.
Toutefois « Les hommes peuvent être frustrés, en manque, déçus, ils n’en
sont pas moins attentifs aux désirs de leurs compagnes. »
« 57% des hommes craignent de décevoir
sexuellement leur partenaire! …Cette crainte de décevoir n’est pas un
facteur mineur … les hommes redoutent la réaction ou le jugement de leurs
compagnes, car elle est génératrice de stress, d’angoisse, d’émotions, trois
facteurs qui s’opposent à l’épanouissement amoureux. La crainte ultime, et
permanente, de la plupart des hommes n’étant plus aujourd’hui la perte de leur
position sociale, de leurs revenus financiers ou même de l’équilibre familial,
mais plutôt l’interruption du couple.»
Brenot
Philippe, Les hommes, le sexe et l’amour,
Les Arènes 2011, pages 81, 108
Medina John
« Les recherches de Gottman (John) sur
le mariage l’ont naturellement mis en contact avec des couples qui fondaient
une famille. À l’arrivée du premier enfant, Gottman a observé que les rapports
d’hostilité au sein du couple grimpaient en flèche. Il y avait plusieurs causes
à cela, du manque de sommeil des parents aux exigences d’un nouveau-né qui
doivent être satisfaites environ trois fois par minutes. Lorsque le bébé avait
atteint l’âge de 1 an, la qualité de la relation de couple avait chuté de 70%.
En même temps, le risque de dépression de la mère augmentait, passant de 25 à
62%. Le risque de divorce du couple s’élevait, ce qui signifiait que ces bébés
commençaient leur vie sur Terre dans un monde émotionnel passablement
agité »
Medina John, Les 12 lois du cerveau, Leduc 2010, page
200
ET, BÉBÉ D’UNE MÈRE
SEULE?
Todd Gilbert Daniel
Nous avons comme croyance : « les
enfants font le bonheur » « Et pourtant, si on mesure la satisfaction
effective des gens avec enfants, une
tout autre histoire se fait jour : les couples sont généralement très
heureux au début de leur mariage, puis de moins en moins durant leur vie
commune et ils ne retrouvent le niveau de satisfaction initial qu’avec le
départ des enfants… Chose intéressante: cette courbe de satisfaction concerne
plus les femmes (habituellement, dans le couple, ce sont elles qui s’occupent
davantage des enfants) que les hommes. Des études scrupuleuses sur les émotions
des femmes dans leur quotidien les montrent moins heureuses quand elles
s’occupent des enfants que lorsqu’elles mangent, regardent la télé, font de
l’exercice, des courses ou une sieste. En fait, s’occuper des gosses est juste
un peu plus agréable que faire le ménage. »
Todd Gilbert Daniel, Et
si le bonheur vous tombait dessus, Robert Laffont 2007, page 224
Siguret Catherine
Histoires de mères; narcissique,
psychotique, outrancière, égoïste, informe, répudiante, dépressive,
indifférente, sadique, folle, malade, divisée.
« L’imaginaire collectif tient la mère
pour une personne bienfaisante, pourvoyeuse de tendresse et de cet amour sans
limite dont on apprendra adulte qu’il ne pouvait venir que d’elle. Quiconque
ose élever une voix différente, dissonante même, dans un tel concert de
louanges, s’expose à la plus vive répréhension. Mieux : on le fait taire.
En résultent une douleur rentrée, un chagrin d’amour tu, la peine d’avoir perdu
ce que l’on n’a jamais connu. »
Trop souvent des mères « n’ont pas
reconnu leurs enfants, en les tenant à l’écart d’elles, en les prenant pour des
objets, des faire-valoir, des défouloirs ou des singes savants, en ne les
regardant pas, en les laissant construire par d’autres, en ne les entendant
pas, et en les giflant parfois. Tous les
enfants qui ont été soumis à ce traitement précoce se sont sentis orphelins de
mère de son vivant. Ils n’ont pu grandir et vivre qu’en le rêvant, en le
feignant, tout simplement parce qu’il est moins douloureux de se penser enfant
d’une mère morte qu’enfant d’une mère qui ne vous aime pas. »
Siguret Catherine, Ma mère, ce fléau, sur le divan de Patrick
Delaroche, Albin Michel 2013 pages 7,9
Badinter Élisabeth, Le conflit, la femme et la mère,
Flammarion 2010 (à lire
Apter Terri
1) Mère colérique « prend garde à ma
colère » 2) Mère toute-puissante
« Tu es méchant si tu ne me fais pas plaisir » 3) Mère narcissique
« moi d’abord » 4) Mère envieuse « Ton bonheur me blesse »
5) Mère absente « Incapable de te voir »
Apter Terri, Les mères toxiques, Les comprendre pour se
libérer de leur emprise, Ixelles éditions 2013
Maman
Blues
Multiples
difficultés des mères. « Même avec leur compagnon et leur famille proche,
il semble par moment impossible à ces mères de transmettre et de partager ces
difficultés sévères » (Nine M-C Glangeaud-Freudenthal, Page XII)
Maman Blues, Tremblements de mères, Éditions
l'instant Présent 2010
Roger L. Depue du FBI
« Nous avons tendance à
devenir des étrangers les uns pour les autres. Au début du siècle, la majorité
d’entre nous vivait et travaillait dans des fermes familiales. Depuis, les
petites villes et les campagnes américaines se sont dépeuplées. Cette énorme
migration s’est accompagnée de profonds changements de la cellule familiale. Le
père de famille a quitté sa ferme, il travaille aujourd’hui pour un patron, il
s’absente du foyer, ses enfants ont perdu leur modèle paternel. Ce père, on ne
peut plus aller le voir sur son lieu de travail, à trente ou quarante
kilomètres du logis. »
« Au fil des ans, la
famille américaine a perdu son point d’ancrage et ses repères traditionnels.
Autrefois, les membres d’une même famille vivaient à proximité les uns des
autres. On se connaissait entre voisins, souvent depuis plusieurs générations.
Cette convivialité a disparu au profit d’une société d’étrangers. Nous sommes
devenus des nomades. Chaque année, près de 36 millions d’Américains déménagent,
ce qui représente un peu plus de 10% de la population. En moyenne, une famille
déménage douze fois avant que les enfants aient atteint leur majorité. Autrefois,
les voisins se rendaient visite à l’improviste, après leur journée de travail,
pour échanger quelques mots ou boire un verre ensemble. De nos jours, cette
même visite on la redoute, et pire : on s’en méfie. Après une éprouvante
journée de travail et un long retour dans les embouteillages, le père de
famille moderne n’aspire qu’à s’isoler pour regarder la télévision en buvant
une bière. »
Bourgoin Stéphane, Sérial
Killers, enquête mondiale sur
les tueurs en séries, Bernard Grasset, 2014, page 203
POUR L’ENFANT : UNE FAMILLE
COMMUNAUTAIRE
Montagner Hubert
La
manipulation des rats après leur naissance accélère la maturation de leur
système nerveux central et développent leur faculté d’adaptation à
l’exploration et ceci sur 2 générations successives. Un développement supérieur
se constate également chez les rats élevés parmi plusieurs congénères
Montagner Hubert, L'enfant
et la communication, comment des gestes, des attitudes, des vocalisations
deviennent des messages, Stock Laurence Pernoud 2012, page 14 à 17
Montanier Jean, Aquilina Alain
« Autant le nourrisson doit avoir des
attachements durables lui apportant la sécurité, autant il ne doit pas être
enfermé dans l’attachement à une seule personne, que ce soit sa mère, sa
grand-mère, son père ou sa nourrice. Ces attachements, nommés
« fusionnels » par les psychologues, présagent un sevrage difficile
de telles relations lorsqu’à l’adolescence il faudra passer du parent à la
société»
Montanier
Jean, Aquilina Alain, Violences-Loi du
silence, Loi du plus fort, L’Harmattan 2011, page 113
Proulx Chantale
« L’un des messages culturels
sournoisement et chèrement colporté, est que les enfants appartiennent aux
parents. Ce message aggrave plusieurs faits déplaisants. C’est que les parents
tout-puissants ont l’impression de se faire un enfant plutôt que de donner un
enfant à la société, à la vie. On a tendance à penser l’enfant pour soi, à soi, plutôt que dans un rapport au
collectif qui inclurait aussi l’enfant et ses ancêtres. »
« Concevoir que l’enfant appartient aux
parents augmente chez ces derniers leur sentiment de responsabilité de manière
outrancière…il faut reconnaître toutefois que cette pensée n’est typique que du
monde occidental, et qu’elle ne vaut que pour l’esprit du temps actuel. Jamais,
dans les autres cultures, il ne viendrait à l’idée d’accuser des mères pour ce
qu’elles ont fait il y a vingt ou trente ans!...Dans les sociétés
traditionnelles, où l’individu est pensé en interaction constante avec son
groupe d’appartenance, les malaises des enfants concernent tout le
groupe. »
Proulx Chantale, Un monde sans enfance, GGC 2009, page 12,1
Bologne Jean-Claude
66.4% des gens vit en couple
« Pourtant, l’histoire nous montre que le couple monogame ne constitue pas
la seule réponse à cette nécessaire protection des jeunes enfants. L’éducation
des enfants peut être prise en charge par le groupe, comme à Sparte, par un
clan formé autour du patriarche et de ses épouses, comme dans l’Ancien
Testament, ou dans le cadre d’une famille élargie constituée autour de la mère,
comme chez les Amazones. »
« Chez les Spartiates, les vieillards
mariés à des femmes plus jeunes pouvaient (et dans certaines versions devaient)
accepter que des jeunes gens leur donnent des enfants plus vigoureux, et un
célibataire qui souhaitait s’unir à une femme mariée sans vouloir cohabiter
avec elle pouvait en adresser la demande au mari. Un homme a-t-il élevé un
nombre suffisant d’enfants? Il peut céder à un ami une épouse à la fécondité
éprouvée. Procréer et vivre ensemble ne répondent pas au même désir. Le couple
inscrit dans le temps ne l’est pas dans nos gènes. »
« Plus récemment, les sciences humaines
et naturelles, l’anthropologie, l’éthologie, l’endocrinologie, ont apporté leur
pierre à l’édifice d’une polygamie primitive. Si l’on observe depuis longtemps
une vie de couple chez certaines espèces animales, en particulier certains
oiseaux ou certains primates, il s’agit d’une monogamie sociale, mais rarement
sexuelle. Certes, les cailles, les cigognes, les martins-pêcheurs élèvent en
couple leurs nichées, mais les tests ADN ont prouvé qu’il y avait le plus
souvent dans leur nid des œufs fécondés par des mâles différents! »
Les hommes et les femmes seraient programmés
génétiquement pour polygamie.
Bologne Jean-Claude, Histoire du couple, Perrin 2016, pages
32 à 35
Tarabulsy
George M. Larose Simon, Plamondon André
« Des
enfants avec diverses expériences relationnelles auront des modèles internes
opératoires différents et manifesteront des réactions différentes au moment de
l’activation du système d’attachement. Dans un certain sens, pour Bowlby,
l’organisation relationnelle donne une première direction à l’élaboration du
développement social, émotionnel et cognitif de l’enfant. »
« À
la question « Est-ce qu’il y a un lien entre les premières expériences
relationnelles et les trajectoires développementales de l’enfant? », la
réponse qui émerge régulièrement dans
ces travaux est « Oui ».
Tarabulsy George M. Larose Simon, Plamondon
André, L’attachement parent-enfant et le
développement humain : une vieille idée, un nouveau regard dans
Grondin Simon, La psychologie au
quotidien, PUL 2012, pages 21, 28
Cyrulnik Boris
« D’abord les bébés,
comme des éponges sensorielles, s’adaptent aux stimulations intérieures et
extérieures. Mais, très tôt, leur jeune mémoire met en place une attente
relationnelle. Quand un nourrisson a été nourri, toiletté et sécurisé, il lui
suffit de percevoir le visage de celle (parfois de celui) qui a été source de
bien-être en attente de ce bien-être. La mémoire et l’anticipation se
coordonnent déjà, ce qui définit le
« modèle interne opératoire » (M.I.O.)
« On découvre souvent un arrêt
développemental provoqué par une défaillance du milieu. Un appauvrissement de
la niche sensorielle qui cesse de tutoriser les développements d’un bébé et le
bloque à un certain niveau de son épanouissement moral. C’est ce qu’on voit
dans les populations d’enfants qui tentent de se développer dans un milieu en
précarité éducative. Ils ne peuvent pas acquérir la maîtrise de leurs pulsions.
Ils passent à l’acte en court-circuitant toute activité mentale. C’est ainsi
qu’ils peuvent violer ou agresser sans aucune culpabilité »
Cyrulnik Boris, Ivres paradis, bonheurs héroïques, Odile Jacob 2016, pages 53, 127
Damant Dominique, Poirier
Marie-Andrée et Moreau Jacques
Pour le
poupon, l’environnement proximal,
c’est la famille. Tandis que la garderie est un environnement distal.
« Les résultats d’une vaste enquête
menée aux États-Unis auprès de 1035 parents suggèrent que les familles qui
reçoivent du soutien pour les soins à donner aux enfants rapportent avoir des
pratiques éducatives plus affectueuses et soutenantes envers leur enfant
(Hashima et Amato, 1994). Ces pratiques renvoient notamment à des caresses ou à
des étreintes ainsi qu’à des paroles de louanges adressées à l’enfant. De
surcroît, ces parents utilisent moins de comportements punitifs. D’autres
auteurs (Bornstein, 1995 : Martin et Boyer, 1995) soulignent que les
parents ayant un réseau social soutenant possèdent un sentiment de compétence
parentale plus élevé. Ces parents se montrent également plus disponibles et
plus sensibles aux besoins de leur enfant, ils ont des relations plus positives
avec ce dernier, lui procurent plus de possibilités de stimulation. Quant aux
enfants, ils semblent démontrer de meilleures compétences sociales et
cognitives, en plus d’être perçus plus heureux et épanouis que les enfants
issus de familles avec un réseau social plus faible (Corse, Schmid et Trickett,
1990). Comme on vient de le voir, le soutien social influence directement la
santé et le bien-être des parents ainsi que leurs comportements à l’égard de
leur enfant. Cet impact bénéfique auprès des parents agit par ricochet sur le
développement des enfants. Le soutien social s’avère donc particulièrement
crucial pour le bien-être des parents et de leurs enfants »
Damant
Dominique, Poirier Marie-Andrée et Moreau Jacques, Ça prend tout un village
pour élever un enfant, dans: Dorvil Henri et Mayer Robert, Problèmes
sociaux, Tome II Presses de l'Université du Québec 2001, pages 324, 327
Tourrette Catherine et Michèle Guidetti
« Dès le début de sa vie le bébé montre un intérêt pour les sources
sociales de stimulation, et il utilise au maximum toutes ses compétences
sensorielles pour entrer en relation avec les personnes. »
« Si la mère occupe une place privilégiée
dans l’investissement affectif de l’enfant, d’autres personnes appartenant en
particulier à la constellation familiale peuvent être aussi objet
d’attachement. Schaffer et Emerson se sont ainsi démarqués de la position de
Bowlby en démontrant que très souvent les enfants avaient simultanément
plusieurs figures d’attachement en même temps : le père, les frères et
sœurs, les grands parents, ou certains familiers. Pour eux le fait de
s’attacher à plusieurs personnes n’implique pas des sentiments moins profonds
avec chacun, et assure en quelque sorte l’enfant contre la perte de sa mère,
avec une plus grande continuité de soins et moins de risques de traumatismes;
il semble au contraire que le fait de développer des attachements multiples
renforce l’attachement à la figure principale. Ce qui détermine l’attachement
de l’enfant à telle personne plutôt que telle autre, c’est, semble-t-il, la
continuité (stabilité temporelle et cohérence des soins, qui permettent la
prévisibilité) et la qualité des relations qui s’établissent entre eux, et non
pas le fait que cette personne prenne soin matériellement de l’enfant ou la durée
du temps passé avec lui. »
« Avec
le développement de ses capacités représentatives, le bébé va pouvoir
intérioriser ces interactions et développer progressivement des modèles mentaux
de lui-même, d’autrui (figures d’attachement) et des relations
interpersonnelles qui s’établissent entre eux. Ceux-ci lui serviront de
référence pour comprendre le comportement de son entourage et pour anticiper
les réactions d’autrui. L’évolution de ces modèles internes est déterminée par
les expériences vécues par l’enfant et contribue à l’édification de la
conscience de soi en relation avec autrui. La question est d’ailleurs posée de
l’existence d’un ou plusieurs modèles (qui fusionneraient chez l’enfant plus
grand), synthétisant les différents modèles précédemment constitués. Les
modèles internes opérants sont susceptibles de perdurer jusqu’à l’âge adulte et
d’orienter les relations amoureuses ainsi que les attitudes que va adopter
l’adulte à l’égard de ses propres enfants. »
Tourrette Catherine et Michèle Guidetti, Introduction à la psychologie du
développement, Armand Colin 2008, pages 106, 107, 111
Baggio Stéphanie
« (L’enfant) ne peut prospérer qu’en
fonction de ce que son environnement lui propose » (Page 119)
« Une recherche (a été) menée sur des
enfants Baoulés de Côte d’Ivoire. Ceux-ci, bien que se trouvant dans un milieu
pauvre marqué par l’absence de jouets n’en sont pas moins en avance sur les
enfants occidentaux sur le plan moteur, et même intellectuel. Ils ont en effet
accès à de très nombreux objets, étant donné qu’il existe peu d’interdis.
L’activité manipulatoire leur permet donc de découvrir le monde. Les
stimulations sont nombreuses, ce qui explique la précocité motrice de ces
enfants par rapport aux enfants occidentaux, laquelle s’accompagne bien souvent
d’une précocité intellectuelle. »
« Les bébés occidentaux sont manipulés
avec extrêmement de précautions en raison de l’idée selon laquelle les petits
enfants sont fragiles. Ils passent de fait 90% de leur temps allongés et ne
commencent à marcher que vers l’âge de quinze mois. À l’opposé, les enfants
Bambara (Mali) sont très sollicités et entourés. Les représentations sociales
du développement de l’enfant conduisent les adultes à agir sur les enfants, à
les manipuler dès leur plus âge. De fait, ils bougent beaucoup (ils ne restent
que 10% du temps allongés) et leur apprentissage moteur est facilité : ces
enfants commencent à marcher à l’âge de dix mois. »
« Les enfants sont parfois élevés au
sein de la famille nucléaire, tandis que d’autres grandissent dans une famille
élargie (communautaire). Parvenus à l’âge adulte, chacun d’eux aura un
comportement affectif et émotionnel différent. Les personnes issues de familles
nucléaires auront tendance à cristalliser émotions et attentes sur quelques
personnes seulement. En revanche, celles ayant grandi dans une famille élargie
seront plus ouvertes, et auront un comportement affectif et émotionnel moins
restrictif. »
« Dans certaines sociétés, les enfants
doivent absolument obéir à leurs parents. C’est le seul moyen pour eux
d’obtenir récompenses et gratifications. Ces enfants auront tendance à devenir
des adultes soumis et dénués d’initiative. En effet, les expériences de
l’enfance façonnent la manière dont l’adulte va réagir. Habitué à toujours
obéir à une instance supérieure, il se tournera vers une autorité pour obtenir
des indications d’actions à la moindre situation problématique ou
inhabituelle. »
« Dans les sociétés collectivistes, les
individus s’identifient à leur groupe d’appartenance de manière très prononcée
et lui accordent dévouement et loyauté. Chacun vit en communauté et s’occupe
pleinement des autres membres du groupe. »
Baggio
Stéphanie, Psychologie sociale, De
Boeck, 2011 pages 119 à 124
Cyrulnik Boris
En
Afrique, les noirs se suicident moins que les blancs (Page 21)
« Dans les familles nombreuses où la
niche sensorielle précoce a fourmillé de figures d’attachement, certaines
conflictuelles d’autres sécurisantes, le jeune arrive à l’adolescence en ayant
acquis des empreintes variées. Son milieu précoce lui a appris un style de
socialisation qui explique pourquoi il peut citer un grand nombre d’amis, de
rencontres et d’activités. Cette aptitude à s’engager dans la société est un
précieux facteur de protection contre les idées suicidaires. On se suicide peu
quand on est enrôlé dans l’existence…Les enfants qui ont appris à vivre dans
une restriction affective et sociale quand ils étaient petits, se sentent
encore seuls à l’adolescence, même quand ils sont entourés. » (Page
41) « Les systèmes familiaux à
multiples attachements sont nettement les plus protecteurs pour les
enfants » (Page73-116) « La
famille « traditionnelle » (papa, maman, la bonne et moi) est une
production de l’Occident industriel qui a duré moins de deux siècles. Selon
Lévi-Strauss « Cette famille conjugale ne répond pas à un besoin universel»,
la plupart des quatre à cinq mille sociétés humaines répertoriées ne l’ont
jamais connue. » (Page 116)
« Une famille monoparentale peut
structurer une niche riche. Quand la mère, qui statiquement a la garde de
l’enfant, l’élève avec un autre homme ou avec sa propre mère, quand elle
travaille et qu’elle ouvre son foyer avec des cousins, des copains ou des
vacances en groupe, l’enfant est entouré comme dans un village. » « À
l’inverse, une famille élargie peut pauvrement envelopper un enfant : le
père travaille à l’étranger, la mère disparaît le matin et rentre épuisée le
soir. La famille diluée envoie des cartes postales, des chèques et ne se
retrouve qu’à Noël dans la maison de grand-mère. Les enfants, gardés par un
réfrigérateur et une télévision, sont reliés au monde affectif grâce à un
téléphone portable. Ils sont distraits par Internet et des jeux vidéo. Sur le
papier la famille est très large, mais dans les interactions quotidiennes,
celles qui tutorisent l’affectivité et enseignent les rituels de relations,
elle structure une niche sensorielle pauvre qui n’a aucun pouvoir sécurisant.
Ces nouvelles familles riches, cultivées, élargies et bien intentionnées aiment
leurs enfants à distance. C’est trop loin pour une niche affective qui a besoin
du corps à corps. La dilution du lien est bien plus souvent provoquée par nos
progrès techniques que par une défaillance parentale. »
« Si l’on veut garder les bénéfices de
notre civilisation et moins sacrifier l’aventure sociale de mères (et des pères
aussi), il faut inventer une cinq mille unième forme de famille. » (Pages
116 à 118)
Cyrulnik Boris, Quand un enfant se donne « la
mort » Attachement et sociétés, Odile Jacob 2011
Cyrulnik Boris
« Si l’on développait le système à
multiples attachements, les femmes auraient le bonheur, le plaisir de porter un
enfant, sans que la grossesse devienne une entrave sociale… Pour que ce bonheur
ne se transforme pas en aliénation ou en entrave sociale, il faut qu’il y ait
un système culturel et social de multiples attachements : la femme, le
père, l’homme désigné par la mère, les grands-parents, etc »
« Nous
commençons à voir les résultats de ce système chez les Finlandais, qui le font
depuis une génération, et chez les Suédois. Nous évaluons physiquement, médicalement, mentalement, scolairement le
devenir de ces enfants. Quand le système culturel et quand les lois sociales
organisent un système à multiples attachements autour de bébé, le poids de
l’enfant est moins lourd pour la mère. Le père participe à l’éducation de la
petite enfance et les enfants s’attachent au père plus que quand le père
disparaît. Le système à multiples attachements permet de répartir les tâches du
soin de l’enfant….Les enfants sont moins lourds pour la mère et beaucoup plus
heureux. Ils se développent bien et l’on trouve très peu de troubles
psychologiques, même chez les garçons. Les résultats scolaires sont
excellents…Les petits Finlandais sont les médaillés d’or du bon développement
physique, mental et scolaire. Ils ont deux fois moins d’heures de cours que les
petits Français et ils ont les meilleur résultats scolaires du monde. On trouve
chez eux très peu de troubles psychiques parce qu’ils ont eu la stabilité
affective, la sécurité et la dynamisation que procurent ce que l’on appelle les
« interactions précoces » : la stabilité affective au cours des
premiers mois de la vie. »
Cyrulnik
Boris Une enfance pour la vie Bayard
Canada 2011, pages 84,85
Medina John
"La définition d’une famille nucléaire
–le père, la mère et les enfants- n’existe que depuis l’époque victorienne.
Avec un taux de divorce de 40 à 50% qui tourne comme un vautour autour de
mariages depuis plus de trente ans et des remariages devenus monnaie courante,
la famille recomposée est aujourd’hui le modèle familial le plus répandu, de
même que le foyer monoparental. Au Québec, plus de 60% des naissances se
produisent hors mariage et des milliers d’enfants ne sont pas élevés par leurs
parents biologiques, mais par leurs grands-parents biologiques » (Page 26)
« Selon la majorité des scientifiques, si nous avons
survécu, c’est parce que nous avons formé des groupes sociaux coopérant les uns
avec les autres…de nombreux scientifiques pensent que les communautés les plus
réussies étaient celles où les hommes épaulaient activement les femmes. Ce
besoin de liens collectifs étroits était si fort et si déterminant pour la
survie de l’espèce humaine que les chercheurs ont baptisé ce phénomène
« alloparentalité » (Page 25)
« Les chercheurs ont découvert que le
milieu psychologique et émotionnel dans lequel un bébé naît peut profondément
influencer le développement de son système nerveux. Pour comprendre cette
interaction entre l’enfant et son milieu, nous devons souligner la sensibilité
extrême de l’enfant à l’environnement dans lequel il est élevé, une sensibilité
aux origines très lointaines, fortement liée à l’évolution de l’espèce
humaine. » (Page 75)
Reconstituez
la tribu, comme au temps de vos ancêtres (Page 290)
« Pour des raisons liées à
l’évolution, les bébés humains n’ont jamais été faits pour naître et grandir à
l’écart d’un groupe. La psychothérapeute Ruth Josselson est convaincue de
l’importance, pour les jeunes mamans, de former
et maintenir une tribu sociale active après leur accouchement. Or, cette
proposition se heurte à deux problèmes : d’une part, la majorité d’entre
nous ne vivent pas en tribus et d’autre part, nous changeons si souvent de lieu
d’habitation que nous sommes rarement près de notre famille ou de notre
première expérience tribale. Résultat : de nombreux jeunes parents vivent
en marge de leur vie sociale. Ils n’ont pas de proches ou d’amis de confiance
pour surveiller leurs enfants pendant qu’ils prennent une douche, dorment ou font
l’amour. »
« La solution va de
soi : reconstituez une structure sociale vigoureuse avec les moyens dont
vous disposez. Mais n’attendez pas l’arrivée de votre bébé pour y travailler.
Tournez-vous vers toutes les formes de communauté que vous connaissez, sociales
ou religieuses, formelles ou informelles, peu importe. Organisez des petites
réunions chez vous avec vos amis, sortez avec d’autres couples qui attendent un
enfant, organisez des soirées cuisine, etc. »
Medina
John, Comment fonctionne le cerveau de bébé,
Éditions caractère, 2011
ÊTRE NON-PARENT, ÇA PEUT ÊTRE LUCIDE
Joubert Lucie, L’envers du landau, Regard extérieur sur la maternité et ses
débordements Triptyque 2010
Joubert Lucie, Dire la non-maternité ou pourquoi votre amie sans enfant est muette, dans
Lapierre Simon, Damant Dominique, Regards
critiques sur la maternité dans divers contextes sociaux, Presses de l’Université
du Québec 2012
Six Nathalie, Pas d’enfants, ça se défend! Max Milo 2011