UN VILLAGE POUR POUPON

 

« Ça prend tout un village pour élever un enfant »

(Dicton africain)

 

 

Ce document est basé sur la science

Sociologie, psychologie, anthropologie, les neurosciences

 

Objectifs

 

·      Inciter à la lecture, réflexion et discutions

·      Inspirer des travaux d’étudiants

·      Inciter à des recherches

 

 

Pour poupon, qui est villageois? Qui est étranger?

 

Poupon se fout de :

·      ceux qui ont fourni l’ovule et le spermatozoïde

·      ceux qui travaillent pour payer son lait

·      celui qui aide la mère en passant l’aspirateur

 

Poupon s’attache, à ceux qui l’aiment et:

·      dont il voit le visage barbu ou non, joyeux ou triste…

·      dont il entend la voix claire ou rauque, rieuse, chantante ou cacophonique…

·      dont il sent l’odeur (et non le parfum commercial)

·      dont il reçoit les soins et perçoit sur son corps les mains douces ou rudes, agiles ou lentes…

·      dont il perçoit les battements du cœur ainsi que la chaleur et la texture d’un « peau à peau »

 

Et surtout, pour apprendre comment aimer, le poupon a besoin de tout un village de femmes et d’hommes d’attachement et qui l’accompagneront jusqu’à sa vie d’adulte.

 

Une étrangère! La gardienne, en garderie ou à domicile. Sa présence est éventuelle et temporaire, ce qui a pour effet que poupon est tiraillé entre attachement et détachement. C’est sa première expérience de résilience.

 

RECOMMANDATIONS

 

1.    La législation devrait distinguer entre géniteur(e) et parents. Sont parents les personnes d’attachement qu’ils soient ou non géniteurs.

2.    La législation devrait garantir au poupon le maintien de son village d’attachement peu importe les aléas de la vie. Le lien d’attachement est plus important que la génitalité.

3.    Qu’il y ait des programmes de recherches et de concertations pour favoriser les familles communautaires

4.    Que les lois fiscales et d’aides financières favorisent les familles communautaires

 

FORUM BIBLIOGRAPHIQUE

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LES SYSTÈMES FAMILIAUX COMMUNAUTAIRES

 

Emmanuel Todd  a étudié 214 populations en Eurasie selon 15 types familiaux (page 91) regroupés en 3 grandes catégories (page 46) :

·      La  famille nucléaire (53%) est formée d’un homme, d’une femme et de leurs enfants. Beaucoup de ces familles nucléaires apparentées se regroupent à proximité, parfois dans un enclos, et, « collaborent parfois sur le plan de la cuisine, de l’éducation des enfants, des activités de collecte ou de production, de façon si diverses… » (pages 68 à 79)

·      La famille souche (15%), ajoute à la famille nucléaire, les parents d’au moins un des conjoints. Le vécu peut prendre différentes formes. (pages 58 à 60)

·      La famille communautaire (32%) comprend plusieurs familles nucléaires. Le vécu peut prendre différentes formes. (pages 55 à 58) Voir les Na de Chine (pages 127 à 130)

    En appliquant le principe du conservatisme des zones périphériques (PCZP) Todd démontre que, avant l’invention de l’écriture, La famille nucléaire est la plus ancienne, et la famille communautaire la plus récente. (Pages 23 à 40). Toutefois, cette « famille nucléaire (ancienne) insérée dans une bande locale n’est en rien la même chose que la famille nucléaire de la société urbaine moderne » (page 35). Adieu à la « horde primitive » et à son corollaire « L’oedipe » imaginé par Freud, dans Totem et Tabou. De plus, reconnaissons que, selon cette analyse de Todd, la famille Africaine et bien d’autres sont plus évoluées que notre archaïque nucléaire

    Les formes familiales s’imposent souvent par des facteurs étrangers aux individus : religions, prestige monarchique, culture militaire, domination du colonisateur et des hypothèses farfelues comme celles de Freud (pages 36 à 39).

   Lorsque les individus sont exempts de ces impératifs sociaux ou de survie, l’organisation de leur forme familiale est alors fortement influencée par l’attachement aux parents et à la fratrie. Plus intense et plus tenace que l’attachement conjugal, cet attachement est le fondement de la famille communautaire.

Todd Emmanuel, L’origine des systèmes familiaux, Tome 1, L’Eurasie, Gallimard 2011. Le tome 2 (qui n’est pas encore imprimé en 2016) portera sur l’Amérique et l’Afrique et l’Océanie.

 

Namu Yang Erche, Mathieu Christine

   Les Moso vivent au Yunnan à la frontière sino-Tibétaine. On y encourage la tolérance, respect d’autrui et l’aide collective. La famille est composée des sœurs et des frères qui élèvent les enfants en commun, généralement sous la domination d’une matriarche. Les hommes gardent les troupeaux, font le commerce, étudient le bouddhisme, dirigent les cérémonies funéraires, et sont chef du village,

      Chez les Moso « la famille idéale est un groupe d’individus apparentés par la lignée maternelle –grand-mère, oncles maternels, mères, sœurs, filles et fils pour les femmes, nièces et neveux pour les hommes, cousins germains. Au cœur de cette famille, il n’y a pas de couple mari et femme ou père et mère, mais des frères et sœurs, des mères et des oncles maternels. La famille idéale ne doit pas se diviser, la propriété est commune et l’héritage passe simplement d’une génération à la suivante quand les filles succèdent à leur mère et à leurs oncles dans la maison familiale... Il arrive parfois que les membres d’une même famille se brouillent, et qu’un fils ou une fille fonde son propre foyer. Il peut arriver aussi qu’une famille devienne trop nombreuse. »
   « Dans une famille matrilinéaire, les relations sexuelles entre les personnes apparentées par la lignée maternelle sont formellement interdites – une règle de  conduite qui est symbolisé par le fait que, dans la maison moso, seules les femmes ont une chambre particulière, la babahuago – la chambre des fleurs. Les personnes âgées et les enfants de moins de treize ans dorment dans la pièce principale, autour du feu, ou dans des lits en alcôve. Les hommes sont supposés coucher chez leurs amies. La tradition moso exige non seulement que les hommes ne couchent pas sous le même toit que leurs sœurs, elle interdit également toute allusion à la sexualité dans la maison familiale, y compris les plaisanteries et les chansons d’amour… Les amants sont libres de passer du temps ensemble tout en demeurant dans leur famille respective, et ils sont libres d’avoir des relations amoureuses aussi longtemps qu’ils le désirent, mais ils ne parleront pas ouvertement de leur relation devant leurs propres enfants. Ces règles de comportements sont tellement strictes que, avant la révolution communiste, il n’était pas rare qu’on apprenne indirectement qui était son père, et même qu’on ne l’apprenne jamais…Ces relations peuvent être d’ordre strictement privé, et d’ordinaire de courte durée, ou elles peuvent être plus stables et reconnues, mais elles n’impliquent ni promesses, ni vœux, ni alliance de deux familles, ni la responsabilité commune des enfants, ni même la fidélité sexuelle. Bien sûr, il peut y avoir chez les Moso, comme partout, des jaloux et des cœurs brisés. Mais le code moral réprime les comportements négatifs et décourage les scènes de jalousie ou de désespoir amoureux. Bien que cela arrive, un amant déchu qui ne sait pas se contrôler devient alors vite ridicule. Seuls le désir mutuel et l’affection doivent décider de la durée des relations amoureuses. Tant et si bien que les premiers fonctionnaires chinois qui découvrirent les Moso dans les années cinquante furent abasourdis par le nombre d’amants que femmes et hommes disaient avoir eu, et cela sans aucun complexe apparent. »
   « En fait, du point de vue moso, ces échanges renforcent la stabilité de la cellule familiale. Car, en présumant que les relations sexuelles ne sont pas durables, les Moso limitent les rapports amoureux aux heures de repos, et ils ne permettent pas que l’amour s’immisce dans la vie économique de la famille ou qu’il concurrence les liens entre frères et sœurs ou mère et enfants, qui sont au cœur des relations de la vie de famille »

 

NOTRE MARIAGE

   « Il est certain que le mariage, quelle qu’en soit sa pratique, exige des accommodements. Dans les sociétés patrilinéaires et patriarcales, le mariage aurait tendance à sacrifier l’amour, et certainement la liberté sexuelle… Ce type de société œuvre pour le contrôle de la sexualité féminine à travers diverses formes d’exclusions sociales, religieuse, politique et économique, auxquelles peuvent s’ajouter des mesures symboliques, telles, parmi les plus controversées : les petits pieds, l’excision, le sacrifice des veuves, la burka… »
   « En ce qui concerne le mariage moderne, qui est fondé sur l’idéal de l’amour, de la compatibilité sexuelle et de l’égalité des conjoints plutôt que sur les intérêts des lignées et de la propriété, ce sont l’équilibre économique et l’unité de la famille qui risquent d’éclater. Comme les statistiques du divorce en témoignent, l’amour sexuel est un bel idéal mais une base fragile pour établir des mariages durables. Et, dans nombre de mariages heureux, l’amour du début dure par habitude, par attachement au confort matériel, et pour d’autres raisons qui n’ont pas grand-chose à voir avec l’idéal de la passion amoureuse. »

CHOIX DES MOSO

   « Les Moso ont fait un choix culturel atypique : ils n’ont sacrifié ni la liberté sexuelle, ni l’amour, ni la sécurité économique de leur famille, ni même la continuation de leur lignée. Ils ont simplement abandonné le mariage. Ils y ont gagné une société où le nécessaire vital (la nourriture, l’affection, la propriété et la descendance) est un droit de naissance obtenu par le lien le plus évident possible et qui n’est autre que le lien maternel. Et il est intéressant de remarquer que les hommes se disent aussi satisfait que les femmes de ce système de filiation qui les libère de la responsabilité d’assurer une descendance, parce que, avec de nombreuses sœurs à la maison, les familles moso sont presque certaines de pouvoir engendrer une nouvelle génération. Les représentants moso sont d’avis que cette coutume est le meilleur moyen d’établir le bonheur et l’harmonie. Les coutumes de visite, disent-ils, conservent l’innocence et la joie dans les rapports entre les hommes et les femmes, et les gens qui vivent dans des familles matrilinéaires ne se disputent pas comme les gens mariés. On peut le croire, car de nombreux Moso ont fait l’expérience du mariage sous la pression des autorités communistes, et la plupart l’ont abandonné. »

Namu Yang Erche, Mathieu Christine, Adieu au lac Mère, Paris : Calmann-Lévy 2005 Extraits des pages 110, 307 à 323 sous-titres ajoutés

 

 

Coler Ricardo

   Chez les mosuo, les comportements agressifs sont déshonorants. Le courage, la virilité, la combativité dans le sport sont honteux. Tout le monde s’occupe de tout le monde. Pourquoi tomber amoureux? « Si je le savais, je ne tomberais sans doute pas amoureux » Rugeshi Ana, étudiante à l’Université de Pékin, « ne comprend pas comment ses condisciples peuvent vouloir être à la fois indépendantes et mariées. Elle est horrifiée quand elle les voit se disputer un homme » Elle n’a pas comme objectif de trouver un mari, mais espère l’amour, l’amour et la vie commune ne font pas bon ménage. L’amour est le contraire de l’engagement « Les relations sociales sont des plus agréables et la vie plus facile »

Coler Ricardo, Le royaume des femmes,Voyage au cœur du matriarcat, Presses de la cité 2012. Pages 54 à 62, 111

 

Hua Cai

    « Leur famille est très solidaire et heureuse : ainsi n’apparaissent pas les disputes entre mari et épouse, la querelle entre père et fils, la haine entre les belles-sœurs, ainsi que la discordance entre belle-mère et belle-fille. L’amour entre mère et fille chez eux est bien perpétuel. »

Hua Cai, Une société sans père ni mari : Les Na de Chine, PUF 2000, page 14

 

Kernalegenn Tudi


 

 

 

En Afrique

 

 

Ezémbé Ferdinand

   En Afrique la parenté n’est pas biologique mais sociale. « Le christianisme, l’islam et la colonisation occidentale ont renforcé l’idéologie patriarcale en faisant de la femme une auxiliaire du mari. Pendant la colonisation, les premières écoles n’étaient ouvertes qu’aux garçons, faisant d’eux des fonctionnaires salariés alors que les femmes avaient droit à des écoles ménagères. »

   « Les parents africains ne sont plus sûrs des valeurs qu’ils veulent transmettre à leurs enfants. Les sociétés traditionnelles africaines proposent la solidarité, l’esprit communautaire, l’honneur, l’intégrité, la pudeur. La société moderne propose l’individualisme, la compétition, la liberté sexuelle… »

   « Sans attachement excessif de la mère, l’enfant change de mains et de dos. L’étranger peut jouer avec lui pendant qu’il s’entretient avec les membres de sa famille, ce qui renforce sa socialisation »

Ezémbé Ferdinand, L'enfant africain et ses univers, Karthala 2009, pages 95, 98, 108

 

Kula-Kim Céline

   « En Afrique, le fait de fréquenter un même espace social ou les mêmes gens crée un lien de parenté non négligeable. De ce fait, par exemple, les amis des frères, sœurs, parents, tantes, oncles sont également les frères, sœurs, parents, tantes, oncles. »

   En Afrique, la polygamie est traditionnelle. On retrouve les modèles matrilinéaire, patrilinéaire et bilinéaire.

   « La spécificité de la société africaine traditionnelle se base sans doute sur l’éducation communautaire. Le contrat social dans ce type d’éducation repose sur le fait que la famille étant élargie, un enfant appartient à tout le clan, à tout le village bref, à toute la communauté… L’enfant a des obligations envers la communauté et vice versa. Et tous les membres de la communauté veillent sur l’éducation de chaque enfant. »

Kula-Kim Céline, Mutations de la famille africaine, L’Harmattan 2010, pages 19,35

 

 

 

En Amérique

 

Notter Annick

  Les amérindiens avaient tendance à vivre communautairement dans des maisons longues pouvant contenir jusqu’à 24 familles

Notter Annick Les fils de l’oiseau-tonnerre, les Indiens de l’est, Éditeur : La Rochelle : Musée du nouveau monde, 2013, page 24

 

 

 

 

 

DÉMYSTIFICATION DE LA FAMILLE CONJUGALE

 

Bologne Jean-Claude

   Pour la très grande majorité de ceux qui décident de former un couple, le but n’est pas de procréer et élever des enfants.

Bologne Jean-Claude, Histoire du couple, Perrin 2016, page 206

 

Caron-Verschave Laurence, Ferroul Yves

   « La première perversion du mot amour dans l’expression « mariage d’amour », c’est d’exiger que le mariage soit un lieu d’épanouissement sexuel. Que l’amour soit à la fois amitié et sexualité, voilà le premier écueil du mariage moderne, le second écueil étant évidemment la durée… Et même si on esquive ces deux obstacles, même si on a un véritable coup de foudre pour quelqu’un, il est possible que cette personne ne cadre pas avec nos attentes, ni comme père ou mère de famille ni comme conjoint « social »

Caron-Verschave Laurence, Ferroul Yves, Le mariage d’amour n’a que 100 ans, une histoire du couple, Odile Jacob 2015, page 97

 

Pérol Jean-Yves, Allais Romain

   Pour les auteurs « le couple EST le problème » parce que « l’espèce humaine est fondamentalement polygame parce qu’elle appartient au groupe des mammifères! » polygyne pour les hommes et polyandre pour les femmes. De nos jours, la polygamie se vit surtout dans le placard.

Pérol Jean-Yves, Allais Romain, Darwin plutôt que Freud, Éditions Tournez la Page, 2013

 

Goupil Georgette

   Au Québec, plus de 50% des mariages se soldent par un divorce. Plus de 6 enfants sur 10 sont nés hors mariage. 27.8% des familles sont monoparentales. La structure de la famille peut se modifier : traditionnelle-monoparentale-recomposée.

Goupil Georgette, Les élèves en difficulté d’adaptation et d’apprentissage, (4e édition) Éditeur gaëtan morin, Chenelière Éducation 2014

 

Attali Jacques, Bonvicini Stéphanie

Agonie du mariage

Alors qu’au cours du 19e siècle, les anciennes valeurs battent de l’aile, à partir des années 1950, la liberté sexuelle et amoureuse s’accélèrent à la suite de multiples changements sociaux :

·      L’invention du tourne-disque portatif permet aux jeunes d’aller s’amuser hors de la présence des parents

·      Commercialisation de la pilule contraceptive au cours des années 60

·      « En 1965, le concile Vatican II reconnaît pour la première fois que le mariage n’a pas seulement pour fin la procréation, mais aussi l’amour et le bonheur des époux »

·      À partir des années 70 : Idéalisation de l’amour et de la liberté sexuelle, légalisation progressive de la contraception et de l’avortement, progression de l’égalité homme/femme,

Cette évolution culturelle n’est pas encore terminée : proportion importante de couples non-mariés, un mariage sur 3 finit par un divorce, il y a plus de parents monoparentaux que biparentaux, « un enfant sur dix est élevé par un homme qui croit à tort en être le père »

« Au-delà du couple monogame précaire et du mariage contractuellement limité, rien ne permet d’exclure que le sentiment amoureux ne puisse pas, un jour, être aussi intense pour plusieurs personnes à la fois » netloving, polyamour, polyfamille, polyfidélité….par exemple, trois Hollandais, Victor de Bruijn et ses deux femmes Bianca et Mirjam, vivent ensemble de la même façon qu’un couple monogame, leur triade ayant été légalisée par contrat par-devant notaire et tolérée par la loi. » (Page 226)

Attali Jacques, Bonvicini Stéphanie,  Amour, Histoires des relations entre les hommes et les femmes, Fayard 2007, pages 202 à 231

 

Thalmann Yves-Alexandre

   10 à 20% des enfants sont élevés par un père qui n’est pas leur géniteur, plus de 50% des personnes ont été infidèles à leur conjoint

Thalmann Yves-Alexandre, Le déclin d’une utopie, VERTUS DU POLYAMOUR, La magie des amours multiples, Jouvence 2006 (pages 19-20)

 

Ternaux Catherine

   « C’est la chrétienté, avec son rejet de la sexualité, qui a posé et tenté d’imposer pendant des siècles le modèle monogamique comme pis-aller, puis comme idéal de l’amour en Occident, contre l’usage polygamique (polygynique principalement) alors répandu … Le mariage devient avant tout le moyen d’assurer l’accumulation des biens… Ce n’est qu’au début du XIXe siècle que l’État met son nez dans les relations personnelles et les alliances amoureuses des citoyens » Le code de Napoléon en 1804 n’exclut toutefois pas la polygamie

Ternaux Catherine, La polygamie, pourquoi pas? Grasset 2012, page 25

 

Picq Pascal, Brenot Philippe

   L’auteur cite Chris Paulis :  « Il est des tabous plus étonnants dans les sociétés nord-occidentales qui revendiquent leur choix de vie et leur liberté sexuelle, ceux qui ne permettent pas à une femme d’énoncer en public qu’elle ne veut pas avoir d’enfants, qu’elle est heureuse sans avoir jamais été enceinte, qu’elle refuse d’élever le bébé qu’elle a expulsé, que l’allaitement la dégoûte, qu’être enceinte l’écœure et , pire, qu’elle n’aime pas et ne pourra jamais aimer l’enfant qu’elle a porté »

   « Sur 557 sociétés humaines, Murdock (en 1957) remarque que 75% sont de droit polygame (polygyne), 0,7% polyandres, le reste, seulement 24,3% de tradition monogame. Les proportions n’ont que peu changé aujourd’hui… Cette innovation doit bien nous faire prendre conscience de la fragilité de cette construction « sur-naturelle » puisque nous sommes une espèce naturellement polygame qui, aujourd’hui, désire vivre de façon monogame. Nous devons en tirer la leçon pour réussir ce qui est une des entreprises les plus difficiles de l’humanité : le couple. »

Picq Pascal, Brenot Philippe, Le Sexe, l’Homme & l’Évolution, Odile Jacob 2009, page 196, 238

 

Brenot Philippe

  84% des hommes sont en manque de sexe. Toutefois « Les hommes peuvent être frustrés, en manque, déçus, ils n’en sont pas moins attentifs aux désirs de leurs compagnes. »

  « 57% des hommes craignent de décevoir sexuellement leur partenaire! …Cette crainte de décevoir n’est pas un facteur mineur … les hommes redoutent la réaction ou le jugement de leurs compagnes, car elle est génératrice de stress, d’angoisse, d’émotions, trois facteurs qui s’opposent à l’épanouissement amoureux. La crainte ultime, et permanente, de la plupart des hommes n’étant plus aujourd’hui la perte de leur position sociale, de leurs revenus financiers ou même de l’équilibre familial, mais plutôt l’interruption du couple.»

Brenot Philippe, Les hommes, le sexe et l’amour, Les Arènes 2011, pages 81, 108

 

Medina John

   « Les recherches de Gottman (John) sur le mariage l’ont naturellement mis en contact avec des couples qui fondaient une famille. À l’arrivée du premier enfant, Gottman a observé que les rapports d’hostilité au sein du couple grimpaient en flèche. Il y avait plusieurs causes à cela, du manque de sommeil des parents aux exigences d’un nouveau-né qui doivent être satisfaites environ trois fois par minutes. Lorsque le bébé avait atteint l’âge de 1 an, la qualité de la relation de couple avait chuté de 70%. En même temps, le risque de dépression de la mère augmentait, passant de 25 à 62%. Le risque de divorce du couple s’élevait, ce qui signifiait que ces bébés commençaient leur vie sur Terre dans un monde émotionnel passablement agité »

Medina John, Les 12 lois du cerveau, Leduc 2010, page 200

ET, BÉBÉ D’UNE MÈRE SEULE?

 

 

Todd Gilbert Daniel

   Nous avons comme croyance : « les enfants font le bonheur » « Et pourtant, si on mesure la satisfaction effective des gens avec enfants, une tout autre histoire se fait jour : les couples sont généralement très heureux au début de leur mariage, puis de moins en moins durant leur vie commune et ils ne retrouvent le niveau de satisfaction initial qu’avec le départ des enfants… Chose intéressante: cette courbe de satisfaction concerne plus les femmes (habituellement, dans le couple, ce sont elles qui s’occupent davantage des enfants) que les hommes. Des études scrupuleuses sur les émotions des femmes dans leur quotidien les montrent moins heureuses quand elles s’occupent des enfants que lorsqu’elles mangent, regardent la télé, font de l’exercice, des courses ou une sieste. En fait, s’occuper des gosses est juste un peu plus agréable que faire le ménage. »

 Todd Gilbert Daniel, Et si le bonheur vous tombait dessus, Robert Laffont 2007, page 224

 

Siguret Catherine

   Histoires de mères; narcissique, psychotique, outrancière, égoïste, informe, répudiante, dépressive, indifférente, sadique, folle, malade, divisée.

 « L’imaginaire collectif tient la mère pour une personne bienfaisante, pourvoyeuse de tendresse et de cet amour sans limite dont on apprendra adulte qu’il ne pouvait venir que d’elle. Quiconque ose élever une voix différente, dissonante même, dans un tel concert de louanges, s’expose à la plus vive répréhension. Mieux : on le fait taire. En résultent une douleur rentrée, un chagrin d’amour tu, la peine d’avoir perdu ce que l’on n’a jamais connu. »

   Trop souvent des mères « n’ont pas reconnu leurs enfants, en les tenant à l’écart d’elles, en les prenant pour des objets, des faire-valoir, des défouloirs ou des singes savants, en ne les regardant pas, en les laissant construire par d’autres, en ne les entendant pas, et en les giflant parfois.  Tous les enfants qui ont été soumis à ce traitement précoce se sont sentis orphelins de mère de son vivant. Ils n’ont pu grandir et vivre qu’en le rêvant, en le feignant, tout simplement parce qu’il est moins douloureux de se penser enfant d’une mère morte qu’enfant d’une mère qui ne vous aime pas. »

Siguret Catherine, Ma mère, ce fléau, sur le divan de Patrick Delaroche, Albin Michel 2013 pages 7,9

 

Badinter Élisabeth, Le conflit, la femme et la mère, Flammarion 2010 (à lire

 

Apter Terri

   1) Mère colérique « prend garde à ma colère »  2) Mère toute-puissante « Tu es méchant si tu ne me fais pas plaisir » 3) Mère narcissique « moi d’abord » 4) Mère envieuse « Ton bonheur me blesse » 5) Mère absente « Incapable de te voir »

Apter Terri, Les mères toxiques, Les comprendre pour se libérer de leur emprise, Ixelles éditions 2013

 

 

Maman Blues

   Multiples difficultés des mères. « Même avec leur compagnon et leur famille proche, il semble par moment impossible à ces mères de transmettre et de partager ces difficultés sévères » (Nine M-C Glangeaud-Freudenthal, Page XII)

Maman Blues, Tremblements de mères, Éditions l'instant Présent 2010

 

Roger L. Depue du FBI

« Nous avons tendance à devenir des étrangers les uns pour les autres. Au début du siècle, la majorité d’entre nous vivait et travaillait dans des fermes familiales. Depuis, les petites villes et les campagnes américaines se sont dépeuplées. Cette énorme migration s’est accompagnée de profonds changements de la cellule familiale. Le père de famille a quitté sa ferme, il travaille aujourd’hui pour un patron, il s’absente du foyer, ses enfants ont perdu leur modèle paternel. Ce père, on ne peut plus aller le voir sur son lieu de travail, à trente ou quarante kilomètres du logis. »

« Au fil des ans, la famille américaine a perdu son point d’ancrage et ses repères traditionnels. Autrefois, les membres d’une même famille vivaient à proximité les uns des autres. On se connaissait entre voisins, souvent depuis plusieurs générations. Cette convivialité a disparu au profit d’une société d’étrangers. Nous sommes devenus des nomades. Chaque année, près de 36 millions d’Américains déménagent, ce qui représente un peu plus de 10% de la population. En moyenne, une famille déménage douze fois avant que les enfants aient atteint leur majorité. Autrefois, les voisins se rendaient visite à l’improviste, après leur journée de travail, pour échanger quelques mots ou boire un verre ensemble. De nos jours, cette même visite on la redoute, et pire : on s’en méfie. Après une éprouvante journée de travail et un long retour dans les embouteillages, le père de famille moderne n’aspire qu’à s’isoler pour regarder la télévision en buvant une bière. »

Bourgoin Stéphane, Sérial Killers, enquête mondiale sur les tueurs en séries, Bernard Grasset, 2014, page 203

 

 

POUR L’ENFANT : UNE FAMILLE COMMUNAUTAIRE

 

 

 

Montagner Hubert

   La manipulation des rats après leur naissance accélère la maturation de leur système nerveux central et développent leur faculté d’adaptation à l’exploration et ceci sur 2 générations successives. Un développement supérieur se constate également chez les rats élevés parmi plusieurs congénères

Montagner Hubert, L'enfant et la communication, comment des gestes, des attitudes, des vocalisations deviennent des messages, Stock Laurence Pernoud 2012, page 14 à 17

 

 

Montanier Jean, Aquilina Alain

   « Autant le nourrisson doit avoir des attachements durables lui apportant la sécurité, autant il ne doit pas être enfermé dans l’attachement à une seule personne, que ce soit sa mère, sa grand-mère, son père ou sa nourrice. Ces attachements, nommés « fusionnels » par les psychologues, présagent un sevrage difficile de telles relations lorsqu’à l’adolescence il faudra passer du parent à la société»

Montanier Jean, Aquilina Alain, Violences-Loi du silence, Loi du plus fort, L’Harmattan 2011, page 113

 

Proulx Chantale

   « L’un des messages culturels sournoisement et chèrement colporté, est que les enfants appartiennent aux parents. Ce message aggrave plusieurs faits déplaisants. C’est que les parents tout-puissants ont l’impression de se faire un enfant plutôt que de donner un enfant à la société, à la vie. On a tendance à penser l’enfant pour soi, à soi, plutôt que dans un rapport au collectif qui inclurait aussi l’enfant et ses ancêtres. »

   « Concevoir que l’enfant appartient aux parents augmente chez ces derniers leur sentiment de responsabilité de manière outrancière…il faut reconnaître toutefois que cette pensée n’est typique que du monde occidental, et qu’elle ne vaut que pour l’esprit du temps actuel. Jamais, dans les autres cultures, il ne viendrait à l’idée d’accuser des mères pour ce qu’elles ont fait il y a vingt ou trente ans!...Dans les sociétés traditionnelles, où l’individu est pensé en interaction constante avec son groupe d’appartenance, les malaises des enfants concernent tout le groupe. »

Proulx Chantale, Un monde sans enfance, GGC 2009, page 12,1

Bologne Jean-Claude

   66.4% des gens vit en couple « Pourtant, l’histoire nous montre que le couple monogame ne constitue pas la seule réponse à cette nécessaire protection des jeunes enfants. L’éducation des enfants peut être prise en charge par le groupe, comme à Sparte, par un clan formé autour du patriarche et de ses épouses, comme dans l’Ancien Testament, ou dans le cadre d’une famille élargie constituée autour de la mère, comme chez les Amazones. »

   « Chez les Spartiates, les vieillards mariés à des femmes plus jeunes pouvaient (et dans certaines versions devaient) accepter que des jeunes gens leur donnent des enfants plus vigoureux, et un célibataire qui souhaitait s’unir à une femme mariée sans vouloir cohabiter avec elle pouvait en adresser la demande au mari. Un homme a-t-il élevé un nombre suffisant d’enfants? Il peut céder à un ami une épouse à la fécondité éprouvée. Procréer et vivre ensemble ne répondent pas au même désir. Le couple inscrit dans le temps ne l’est pas dans nos gènes. »

 « Plus récemment, les sciences humaines et naturelles, l’anthropologie, l’éthologie, l’endocrinologie, ont apporté leur pierre à l’édifice d’une polygamie primitive. Si l’on observe depuis longtemps une vie de couple chez certaines espèces animales, en particulier certains oiseaux ou certains primates, il s’agit d’une monogamie sociale, mais rarement sexuelle. Certes, les cailles, les cigognes, les martins-pêcheurs élèvent en couple leurs nichées, mais les tests ADN ont prouvé qu’il y avait le plus souvent dans leur nid des œufs fécondés par des mâles différents! »

   Les hommes et les femmes seraient programmés génétiquement pour polygamie.

Bologne Jean-Claude, Histoire du couple, Perrin 2016, pages 32 à 35

 

Tarabulsy George M. Larose Simon, Plamondon André

   « Des enfants avec diverses expériences relationnelles auront des modèles internes opératoires différents et manifesteront des réactions différentes au moment de l’activation du système d’attachement. Dans un certain sens, pour Bowlby, l’organisation relationnelle donne une première direction à l’élaboration du développement social, émotionnel et cognitif de l’enfant. »

   « À la question « Est-ce qu’il y a un lien entre les premières expériences relationnelles et les trajectoires développementales de l’enfant? », la réponse qui  émerge régulièrement dans ces travaux est « Oui ».

Tarabulsy George M. Larose Simon, Plamondon André, L’attachement parent-enfant et le développement humain : une vieille idée, un nouveau regard dans Grondin Simon, La psychologie au quotidien, PUL 2012, pages 21, 28

 

Cyrulnik Boris

« D’abord les bébés, comme des éponges sensorielles, s’adaptent aux stimulations intérieures et extérieures. Mais, très tôt, leur jeune mémoire met en place une attente relationnelle. Quand un nourrisson a été nourri, toiletté et sécurisé, il lui suffit de percevoir le visage de celle (parfois de celui) qui a été source de bien-être en attente de ce bien-être. La mémoire et l’anticipation se coordonnent déjà, ce qui définit le  « modèle interne opératoire » (M.I.O.)

   « On découvre souvent un arrêt développemental provoqué par une défaillance du milieu. Un appauvrissement de la niche sensorielle qui cesse de tutoriser les développements d’un bébé et le bloque à un certain niveau de son épanouissement moral. C’est ce qu’on voit dans les populations d’enfants qui tentent de se développer dans un milieu en précarité éducative. Ils ne peuvent pas acquérir la maîtrise de leurs pulsions. Ils passent à l’acte en court-circuitant toute activité mentale. C’est ainsi qu’ils peuvent violer ou agresser sans aucune culpabilité »

Cyrulnik Boris, Ivres paradis, bonheurs héroïques, Odile Jacob 2016, pages 53, 127

 

Damant Dominique, Poirier Marie-Andrée et Moreau Jacques

    Pour le poupon, l’environnement proximal, c’est la famille. Tandis que la garderie est un environnement distal.

  « Les résultats d’une vaste enquête menée aux États-Unis auprès de 1035 parents suggèrent que les familles qui reçoivent du soutien pour les soins à donner aux enfants rapportent avoir des pratiques éducatives plus affectueuses et soutenantes envers leur enfant (Hashima et Amato, 1994). Ces pratiques renvoient notamment à des caresses ou à des étreintes ainsi qu’à des paroles de louanges adressées à l’enfant. De surcroît, ces parents utilisent moins de comportements punitifs. D’autres auteurs (Bornstein, 1995 : Martin et Boyer, 1995) soulignent que les parents ayant un réseau social soutenant possèdent un sentiment de compétence parentale plus élevé. Ces parents se montrent également plus disponibles et plus sensibles aux besoins de leur enfant, ils ont des relations plus positives avec ce dernier, lui procurent plus de possibilités de stimulation. Quant aux enfants, ils semblent démontrer de meilleures compétences sociales et cognitives, en plus d’être perçus plus heureux et épanouis que les enfants issus de familles avec un réseau social plus faible (Corse, Schmid et Trickett, 1990). Comme on vient de le voir, le soutien social influence directement la santé et le bien-être des parents ainsi que leurs comportements à l’égard de leur enfant. Cet impact bénéfique auprès des parents agit par ricochet sur le développement des enfants. Le soutien social s’avère donc particulièrement crucial pour le bien-être des parents et de leurs enfants »

Damant Dominique, Poirier Marie-Andrée et Moreau Jacques, Ça prend tout un village pour élever un enfant, dans: Dorvil Henri et Mayer Robert, Problèmes sociaux, Tome II Presses de l'Université du Québec 2001, pages 324, 327

 

 

 

Tourrette  Catherine et Michèle Guidetti

   « Dès le début de sa vie le bébé montre un intérêt pour les sources sociales de stimulation, et il utilise au maximum toutes ses compétences sensorielles pour entrer en relation avec les personnes. »

   « Si la mère occupe une place privilégiée dans l’investissement affectif de l’enfant, d’autres personnes appartenant en particulier à la constellation familiale peuvent être aussi objet d’attachement. Schaffer et Emerson se sont ainsi démarqués de la position de Bowlby en démontrant que très souvent les enfants avaient simultanément plusieurs figures d’attachement en même temps : le père, les frères et sœurs, les grands parents, ou certains familiers. Pour eux le fait de s’attacher à plusieurs personnes n’implique pas des sentiments moins profonds avec chacun, et assure en quelque sorte l’enfant contre la perte de sa mère, avec une plus grande continuité de soins et moins de risques de traumatismes; il semble au contraire que le fait de développer des attachements multiples renforce l’attachement à la figure principale. Ce qui détermine l’attachement de l’enfant à telle personne plutôt que telle autre, c’est, semble-t-il, la continuité (stabilité temporelle et cohérence des soins, qui permettent la prévisibilité) et la qualité des relations qui s’établissent entre eux, et non pas le fait que cette personne prenne soin matériellement de l’enfant ou la durée du temps passé avec lui. »

    « Avec le développement de ses capacités représentatives, le bébé va pouvoir intérioriser ces interactions et développer progressivement des modèles mentaux de lui-même, d’autrui (figures d’attachement) et des relations interpersonnelles qui s’établissent entre eux. Ceux-ci lui serviront de référence pour comprendre le comportement de son entourage et pour anticiper les réactions d’autrui. L’évolution de ces modèles internes est déterminée par les expériences vécues par l’enfant et contribue à l’édification de la conscience de soi en relation avec autrui. La question est d’ailleurs posée de l’existence d’un ou plusieurs modèles (qui fusionneraient chez l’enfant plus grand), synthétisant les différents modèles précédemment constitués. Les modèles internes opérants sont susceptibles de perdurer jusqu’à l’âge adulte et d’orienter les relations amoureuses ainsi que les attitudes que va adopter l’adulte à l’égard de ses propres enfants. »

Tourrette  Catherine et Michèle Guidetti, Introduction à la psychologie du développement, Armand Colin 2008, pages 106, 107, 111

 

 

 

 

Baggio Stéphanie

   « (L’enfant) ne peut prospérer qu’en fonction de ce que son environnement lui propose » (Page 119)

   « Une recherche (a été) menée sur des enfants Baoulés de Côte d’Ivoire. Ceux-ci, bien que se trouvant dans un milieu pauvre marqué par l’absence de jouets n’en sont pas moins en avance sur les enfants occidentaux sur le plan moteur, et même intellectuel. Ils ont en effet accès à de très nombreux objets, étant donné qu’il existe peu d’interdis. L’activité manipulatoire leur permet donc de découvrir le monde. Les stimulations sont nombreuses, ce qui explique la précocité motrice de ces enfants par rapport aux enfants occidentaux, laquelle s’accompagne bien souvent d’une précocité intellectuelle. »

   « Les bébés occidentaux sont manipulés avec extrêmement de précautions en raison de l’idée selon laquelle les petits enfants sont fragiles. Ils passent de fait 90% de leur temps allongés et ne commencent à marcher que vers l’âge de quinze mois. À l’opposé, les enfants Bambara (Mali) sont très sollicités et entourés. Les représentations sociales du développement de l’enfant conduisent les adultes à agir sur les enfants, à les manipuler dès leur plus âge. De fait, ils bougent beaucoup (ils ne restent que 10% du temps allongés) et leur apprentissage moteur est facilité : ces enfants commencent à marcher à l’âge de dix mois. »

   « Les enfants sont parfois élevés au sein de la famille nucléaire, tandis que d’autres grandissent dans une famille élargie (communautaire). Parvenus à l’âge adulte, chacun d’eux aura un comportement affectif et émotionnel différent. Les personnes issues de familles nucléaires auront tendance à cristalliser émotions et attentes sur quelques personnes seulement. En revanche, celles ayant grandi dans une famille élargie seront plus ouvertes, et auront un comportement affectif et émotionnel moins restrictif. »

   « Dans certaines sociétés, les enfants doivent absolument obéir à leurs parents. C’est le seul moyen pour eux d’obtenir récompenses et gratifications. Ces enfants auront tendance à devenir des adultes soumis et dénués d’initiative. En effet, les expériences de l’enfance façonnent la manière dont l’adulte va réagir. Habitué à toujours obéir à une instance supérieure, il se tournera vers une autorité pour obtenir des indications d’actions à la moindre situation problématique ou inhabituelle. »

   « Dans les sociétés collectivistes, les individus s’identifient à leur groupe d’appartenance de manière très prononcée et lui accordent dévouement et loyauté. Chacun vit en communauté et s’occupe pleinement des autres membres du groupe. »

Baggio Stéphanie, Psychologie sociale, De Boeck, 2011 pages 119 à 124

Cyrulnik Boris

   En Afrique, les noirs se suicident moins que les blancs (Page 21)

   « Dans les familles nombreuses où la niche sensorielle précoce a fourmillé de figures d’attachement, certaines conflictuelles d’autres sécurisantes, le jeune arrive à l’adolescence en ayant acquis des empreintes variées. Son milieu précoce lui a appris un style de socialisation qui explique pourquoi il peut citer un grand nombre d’amis, de rencontres et d’activités. Cette aptitude à s’engager dans la société est un précieux facteur de protection contre les idées suicidaires. On se suicide peu quand on est enrôlé dans l’existence…Les enfants qui ont appris à vivre dans une restriction affective et sociale quand ils étaient petits, se sentent encore seuls à l’adolescence, même quand ils sont entourés. » (Page 41)  « Les systèmes familiaux à multiples attachements sont nettement les plus protecteurs pour les enfants » (Page73-116)  « La famille « traditionnelle » (papa, maman, la bonne et moi) est une production de l’Occident industriel qui a duré moins de deux siècles. Selon Lévi-Strauss « Cette famille conjugale ne répond pas à un besoin universel», la plupart des quatre à cinq mille sociétés humaines répertoriées ne l’ont jamais connue. » (Page 116)

   « Une famille monoparentale peut structurer une niche riche. Quand la mère, qui statiquement a la garde de l’enfant, l’élève avec un autre homme ou avec sa propre mère, quand elle travaille et qu’elle ouvre son foyer avec des cousins, des copains ou des vacances en groupe, l’enfant est entouré comme dans un village. » « À l’inverse, une famille élargie peut pauvrement envelopper un enfant : le père travaille à l’étranger, la mère disparaît le matin et rentre épuisée le soir. La famille diluée envoie des cartes postales, des chèques et ne se retrouve qu’à Noël dans la maison de grand-mère. Les enfants, gardés par un réfrigérateur et une télévision, sont reliés au monde affectif grâce à un téléphone portable. Ils sont distraits par Internet et des jeux vidéo. Sur le papier la famille est très large, mais dans les interactions quotidiennes, celles qui tutorisent l’affectivité et enseignent les rituels de relations, elle structure une niche sensorielle pauvre qui n’a aucun pouvoir sécurisant. Ces nouvelles familles riches, cultivées, élargies et bien intentionnées aiment leurs enfants à distance. C’est trop loin pour une niche affective qui a besoin du corps à corps. La dilution du lien est bien plus souvent provoquée par nos progrès techniques que par une défaillance parentale. »

   « Si l’on veut garder les bénéfices de notre civilisation et moins sacrifier l’aventure sociale de mères (et des pères aussi), il faut inventer une cinq mille unième forme de famille. » (Pages 116 à 118)

Cyrulnik Boris, Quand un enfant se donne « la mort » Attachement et sociétés, Odile Jacob 2011

Cyrulnik Boris

   «  Si l’on développait le système à multiples attachements, les femmes auraient le bonheur, le plaisir de porter un enfant, sans que la grossesse devienne une entrave sociale… Pour que ce bonheur ne se transforme pas en aliénation ou en entrave sociale, il faut qu’il y ait un système culturel et social de multiples attachements : la femme, le père, l’homme désigné par la mère, les grands-parents, etc »

« Nous commençons à voir les résultats de ce système chez les Finlandais, qui le font depuis une génération, et chez les Suédois. Nous évaluons physiquement,  médicalement, mentalement, scolairement le devenir de ces enfants. Quand le système culturel et quand les lois sociales organisent un système à multiples attachements autour de bébé, le poids de l’enfant est moins lourd pour la mère. Le père participe à l’éducation de la petite enfance et les enfants s’attachent au père plus que quand le père disparaît. Le système à multiples attachements permet de répartir les tâches du soin de l’enfant….Les enfants sont moins lourds pour la mère et beaucoup plus heureux. Ils se développent bien et l’on trouve très peu de troubles psychologiques, même chez les garçons. Les résultats scolaires sont excellents…Les petits Finlandais sont les médaillés d’or du bon développement physique, mental et scolaire. Ils ont deux fois moins d’heures de cours que les petits Français et ils ont les meilleur résultats scolaires du monde. On trouve chez eux très peu de troubles psychiques parce qu’ils ont eu la stabilité affective, la sécurité et la dynamisation que procurent ce que l’on appelle les « interactions précoces » : la stabilité affective au cours des premiers mois de la vie. »

Cyrulnik Boris Une enfance pour la vie Bayard Canada 2011, pages 84,85

 

Medina John

   "La définition d’une famille nucléaire –le père, la mère et les enfants- n’existe que depuis l’époque victorienne. Avec un taux de divorce de 40 à 50% qui tourne comme un vautour autour de mariages depuis plus de trente ans et des remariages devenus monnaie courante, la famille recomposée est aujourd’hui le modèle familial le plus répandu, de même que le foyer monoparental. Au Québec, plus de 60% des naissances se produisent hors mariage et des milliers d’enfants ne sont pas élevés par leurs parents biologiques, mais par leurs grands-parents biologiques » (Page 26) 

   « Selon la majorité des scientifiques, si nous avons survécu, c’est parce que nous avons formé des groupes sociaux coopérant les uns avec les autres…de nombreux scientifiques pensent que les communautés les plus réussies étaient celles où les hommes épaulaient activement les femmes. Ce besoin de liens collectifs étroits était si fort et si déterminant pour la survie de l’espèce humaine que les chercheurs ont baptisé ce phénomène « alloparentalité » (Page 25)

    « Les chercheurs ont découvert que le milieu psychologique et émotionnel dans lequel un bébé naît peut profondément influencer le développement de son système nerveux. Pour comprendre cette interaction entre l’enfant et son milieu, nous devons souligner la sensibilité extrême de l’enfant à l’environnement dans lequel il est élevé, une sensibilité aux origines très lointaines, fortement liée à l’évolution de l’espèce humaine. » (Page 75)

Reconstituez la tribu, comme au temps de vos ancêtres (Page 290)

   « Pour des raisons liées à l’évolution, les bébés humains n’ont jamais été faits pour naître et grandir à l’écart d’un groupe. La psychothérapeute Ruth Josselson est convaincue de l’importance, pour les jeunes mamans, de former  et maintenir une tribu sociale active après leur accouchement. Or, cette proposition se heurte à deux problèmes : d’une part, la majorité d’entre nous ne vivent pas en tribus et d’autre part, nous changeons si souvent de lieu d’habitation que nous sommes rarement près de notre famille ou de notre première expérience tribale. Résultat : de nombreux jeunes parents vivent en marge de leur vie sociale. Ils n’ont pas de proches ou d’amis de confiance pour surveiller leurs enfants pendant qu’ils prennent une douche, dorment ou font l’amour. »

   « La solution va de soi : reconstituez une structure sociale vigoureuse avec les moyens dont vous disposez. Mais n’attendez pas l’arrivée de votre bébé pour y travailler. Tournez-vous vers toutes les formes de communauté que vous connaissez, sociales ou religieuses, formelles ou informelles, peu importe. Organisez des petites réunions chez vous avec vos amis, sortez avec d’autres couples qui attendent un enfant, organisez des soirées cuisine, etc. »

Medina John, Comment fonctionne le cerveau de bébé, Éditions caractère, 2011

 

ÊTRE NON-PARENT, ÇA PEUT ÊTRE LUCIDE

 

Joubert Lucie, L’envers du landau, Regard extérieur sur la maternité et ses débordements Triptyque 2010

 

Joubert Lucie, Dire la non-maternité ou pourquoi votre amie sans enfant est muette, dans Lapierre Simon, Damant Dominique, Regards critiques sur la maternité dans divers contextes sociaux, Presses de l’Université du Québec 2012

 

Six Nathalie, Pas d’enfants, ça se défend! Max Milo 2011