II - HONTE DES HOMMES: CONSÉQUENCES

SUITE DE: LA HONTE DES HOMMES: ORIGINE ET DÉVELOPPEMENT

Les garçons n’ont pas eu, depuis leur naissance, de relation identitaire valorisante avec leur père et des adultes masculins.(1)(2) En conséquence ils vivent un vide identitaire masculin(3) en plus des effets d‘une pauvreté de stimulation intellectuelle et émotive(4). Cet état est d’autant plus pernicieux qu’il est inconscient. Certains, dès leurs premiers mois d’existence, développent de l’autisme (5) (6), facteur générant plus tard du décrochage scolaire (7). Quant aux filles, grâce à leur mère et aux institutrices, elles ont, le plus souvent, développé une relation bénéfique avec l’adulte et l‘école. (8). Elles jouent à l’école les fins de semaine,(9) alors que les garçons détestent l’école et recherchent désespérément leur identité dans leur relation avec leurs copains (10). Pourtant tous sont nés avec le désir d’apprendre. On a éteint ce désir. De plus, les garçons, en cas de succès scolaires, sont rejetés avec mépris par leurs copains. (9) Un état de vide identitaire et de honte leur génère des problèmes de langage, d’apprentissage, d’adaptation et de décrochage scolaire (10). On ne peut se surprendre qu’une étude menée au Québec en 1998 par Perreault, Bibeau « révèle que 40% des jeunes québécois de 15 à 19 ans présentent un haut niveau de « détresse psychologique » (11) (12).

Jeunes et moins jeunes hommes continuent à ressentir un vide identitaire en plus de la pauvreté de stimulation vécue au cours de leur petite enfance. Pour se sentir exister ils sont portés à prendre des risques destructeurs: Troubles alimentaires, toxicomanie, errance, fugues, graffitis, délinquance, sports risqués (13)(14)(15), conduite automobile dangereuse, adhésion à une secte(16) ou un gang de rue(17), conduite sexuelle à risque (18)(19)(20)(21),ou s’infliger des douleurs et même des mutilations (22) (23) (24). Ils mettent en danger leur santé, leur sécurité et même leur vie.(25) (26).(27)

Ce n’est pas par esprit de domination, mais pour se sentir exister et combattre une honte identitaire que les hommes cherchent à atteindre les plus haut sommets pour le meilleur ou pour le pire. Et pour certains la montée de l’Everest ne suffit jamais(28), alors ils dérapent vers le pire: décrochage, itinérance, toxicomanie, criminalité incluant les crimes en cravate (29), et les meurtres en série (30)(31)(32)(33)(34). Trop d’hommes ignorent l’aide mis à leur disposition (35) pour contrer leur désespoir et passent au suicide(36)

Comment développer chez les garçons et les hommes de meilleurs comportements envers eux-mêmes et la société? Une commission d’enquête en Californie composée de spécialistes des problèmes sociaux a conclu que le meilleur moyen était le développement de l’estime de soi et suggère une déclaration d’engagement en ce sens (37). Tout le contraire de la démolition des hommes pratiquée par certaines féministes.

DÉCLARATION D’ENGAGEMENT

« Je m’engage à m’apprécier à ma vraie valeur et selon mon importance réelle, et à être constamment responsable de moi comme de mes actions envers les autres » (Comité d’action californien)(37)

RECOMMANDATIONS

1- Que les professeurs, policiers, intervenants sociaux, etc. fassent lire la déclaration d’engagement par tout délinquants et en toute autre occasion pertinentes et que les hommes seuls ou en groupe fassent de même.
2-Que la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse instaure une enquête qui serait un processus de dialogue entre les hommes et la société, ce qu’on peut dénommer « restructuration cognitive » (35)
3-Qu’il y ait davantage de recherche sur la condition des garçons et des hommes
4-Qu’une fondation soit formée afin de développer la fierté des hommes

BIBLIOGRAPHIE

(1) Corneau Guy, Père manquant, fils manqué, Édition de l’homme, 2003
(2) Chiland Colette, La naissance de l'identité sexuée, dans Lebovici Serge, Nouveau traité de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, puf 2004 (pages 301 à 307)
(3) Badinter Élisabeth, De l’identité masculine, Odile Jacob, 2004 (pages 48 à 70, 88 à 121)
(4) Cyrulnik Boris, Sous le signe du lien, une histoire naturelle d'attachement, Hachette 1989 (pages 65-91)
(5) Selon une recherche récente seulement 1% des autistismes ont une cause génétique
(6) Dumesnil François, Autisme, psychoses précoces et automutilation, Presse de l'Université de Montréal, 1989. (Voir: la classification de Tustin)
(7) Brandibas Gilles et Fourasté Raymond. Les accidentés de l'école, L'Harmattan, 2005 (page 88)
(8) Cyrulnik Boris, Le Murmure des fantômes, Odile Jacob 2007 (p. 64)
(9) Charest Rose-Marie, Avec psychologie, Libre Expression 2003 (p.48 à 51)
(10) Saint-Pierre Céline, La présence des pères en éducation, dans Présences de Pères, Actes du premier Symposium national sur la place et le rôle du père,Régie Régionale de la SSS Montréal-Centre 2000,(pages 28 à 30)
(11) Le Breton David, En souffrance, Adolescence et entrée dans la vie, Métailié 2007(page 12)
(12) Marcotte Diane, La prévention de la dépression chez les enfants et les adolescents dans Vitaro Frank Gagnon Claude, Prévention des problèmes d'adaptation chez les enfants et les adolescents, Tome I Les problèmes internalisés, Presses de l'Université du Québec 2003
(13) Lemay Michel, Aveux et désaveux d'un psychiatre, CHU Sainte-Justine 2006, pages 255 à 257)
(14) Famose Jean-Pierre, La motivation en éducation physique et en sport, Armand Colin 2005 (page 163)
(15) Chamalidis Makis, Splendeurs et misères des champions, 2000(pages 63 à 87)
(16) Grün Anselme, L'identité masculine en question, Médiaspaul 2005 (page9)
(17) Cyrulnik Boris, Les nourritures affectives, Éditions Odile Jacob page 96
(18) Otis Joanne, Médico Denise, Lévy Joseph J. La prévention des maladies transmissibles sexuellement et de l'infection par le VIH chez les adolescents dans Frank Vitaro et Gagnon Claude, Prévention des problèmes d'adaptation, chez les enfants et les adolescents, Tome II Les problèmes externalisés, Presses de l'Université du Québec 2003. (pages 502 à 505)
(19) Le Breton David, En souffrance, Adolescence et entrée dans la vie, Métailié 2007(pages 12 à 23)
(20) Le Breton David, Cultures Adolescentes, entre turbulence et construction de soi, Autrement 2008 (pages 170 à 173)
(21) Soulé Bastien, Sociologie de l'engagement corporel, risques sportifs et pratiques extrêmes... Armand Colin 2007. (page 49)
(22) Le Breton David, La Peau et la Trace, sur les blessures de soi, Métailié 2003 (pages 12 à 15)
(23) Le Breton David, Extase de la souffrance et scarification, dans Ducournau Nicolas et al. La recherche d'extase chez les jeunes, PUL 2010
(24) Le Breton David, Expériences de la douleur, Éditions Métailié 2009(pages 201 à 203)
(25) Ministère de la Santé et des Services sociaux, La santé des hommes, Les Publications du Québec, 2005 (pages 14 à 16)
(26) Guillot Patrick, La cause des Hommes, ViaMedias, 2005 (pages 19-20)(27) CLIPP  Centre de liaison sur l'intervention et la prévention psychosociales: http://www.clipp.ca/doc/fr/attachments/Formation/guide_identification_difficultes_psychosociales_jeunes_nov2010.pdf
(28) Liedloff Jean, Le concept du continuum, Ambre 2006 Page 60-159-160)
(29) Je ne connais pas de bibliographie me permettant de connaître l’enfance des criminels en cravate, mais il m’apparaît vraisemblable qu’ils soient dans la même problématique
(30) Zagury Daniel, L'énigme des tueurs en série, 2008 (page 170)
(31) Verges Jean-Pierre, Les tueurs en série, Hachette 2007 (page 202)
(32) Montet Laurent, Les tueurs en série, Pourquoi devient-on serial killer? Puf 2002 (page 7-18-20)
(33) Lévesque Lise, J'étais la femme du tueur, Éditions des nations, 1996 (page 61-62)
(34) Le colonel Russell Williams, tueur en série  www.//fr.wikipedia.org/wiki/Russell_Williams
(35) Cyrulnik Boris, Mourir de dire, La honte, Odile Jacob 2010, p. 109
(36) Montet Laurent, Les tueurs en série, Pourquoi devient-on serial killer? Puf 2002 (page 62)
(37) Duclos Germain, L'estime de soi, un passeport pour la vie, CHU Sainte-Justine 2010 (page 24)

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